Candide au pays des distributeurs digitaux

Candide au pays des distributeurs digitaux

Cet article est-il destiné à ceux qui n’ont jamais mis les pieds dans les contrées encore floues que sont les hermétiques grosses machines infernales du Streaming ? Peut-être ne laissera-t-il pas indifférents les artistes auto-produits qui veulent se lancer dans l’édition digitale de leurs œuvres, en pensant (naïvement ?) passer à la postérité… Ce que vous allez lire est le fruit d’un travail de recherche personnel, d’une réflexion critique et, je l’espère, d’un peu de recul passé les émois de découvertes… intéressantes. C’est un peu un travail de journaliste d’investigation, basé sur la lecture de documents et de forums, mais surtout d’une expérience personnelle « en immersion ». Je l’assume totalement, c’est vrai que je suis moi aussi un artiste auto-produit, à ceci prés que j’ai voulu que le personnage principal de cette histoire soit caricatural, un « Nerd » plutôt candide, afin de mettre l’accent sur le côté « miroir aux alouettes » du système (pour ma part cela fait longtemps que je ne chasse plus les alouettes). Peut-être que tout a déjà été dit sur le sujet, je ne sais pas : j’ai essayé de présenter ça sous une forme différente, avec un peu d’humour que j’espère vous apprécierez. Notez qu’il y a dans cet article tout de même une vraie interview d’un monstre de la diffusion digitale, auquel j’ai essayé d’arracher quelques vérités – parfois sans succès tant le système est opaque – donc tout n’est pas à jeter.

Le Nerd

Cela commence par « il était une fois », comme une histoire de grand méchant loup et d’une frêle petite chose destinée à être dévorée. Donc il était une fois un petit guitariste qui avait engrangé toute une flopée d’enregistrements, tous plus géniaux les uns que les autres… Non, ça ne va pas, recommençons. Ce conte moderne doit être ancré dans l’air du temps, même si les rouages du Show-biz sont intemporels, tout comme les candides du monde entier… On n’est pas dans le Greenwitch Village des années soixante, avec tous ces folkeux courant le cacheton, leur disque auto-produits sous le bras (vous avez vu le film « Inside Llewyn Levis » ?). Notre histoire moderne se déroule dans un monde d’illusions, de Marketing et de Fast-food (nourritures physiques et spirituelles).

Il était une fois un artiste indépendant, Electro pourquoi pas, qui avait engrangé toute une flopée d’enregistrements tous plus géniaux les uns que les autres, du moins à ces yeux. Il possédait son petit home-studio, simple et fonctionnel, fruit d’un accouplement entre un clavier-maître et son PC boosté aux plugins de toute sorte. Ce conte se déroule au temps béni où chacun a accès aux joies de la mise en boîte digitale, le mixage et le mastering étant désormais exécutés à la maison, entre pizzas bon marché et Coca light (ça c’est pour la caricature). Nous parlons ici de la Way of Life du Nerd-musicien ordinaire, rendue possible par les éditeurs de copies plus ou moins avancées de Pro-tools. Ce mode de vie c’est toute sa vie, tout le reste n’étant que pis-aller : Candide se sent doué pour la musique, la preuve en est qu’il pond des œuvres ! Le Nerd a conscience que par le passé pour pondre un enregistrement il fallait carrément louer un studio et croiser le fer avec d’étranges animaux appelés Ingénieurs du Son. Quelle chance qu’à présent tout ceci soit plus accessible, qu’il lui soit permis d’avoir immédiatement quelque chose à faire écouter, sans autre intermédiaire que son propre jugement (parfois dopé à l’auto-complaisance, mais bon…).

Le Nerd a vainement tenté l’ancienne voie, il a essayé à de multiples reprises de se faire remarquer en envoyant des tonnes de Mails, en participant à des concours sur Internet, mais il ne possédait pas « le réseau », les « relations », ou bien il n’a tout simplement pas eu de chance, ni de réelles opportunités… Il est comme le Folkeux de « Inside Llewyn Levis » : il faut bien se rendre à l’évidence que ça ne mord pas. Chacun se console comme il peut, et peut-être n’a-t-il pas assez de talent ou bien de culot, peut-être ne croit-il pas assez en lui, qu’importe. Ce qu’il faut savoir c’est qu’il est tout seul dans son petit bocal de poissons rouges, à tourner en rond en cherchant une solution pour que son héritage sonore ne tombe pas dans l’oubli. Toutes ces heures, ces jours, ces années à composer, enregistrer… Pourquoi ? Il lui faut absolument trouver un moyen de pérenniser son oeuvre , autrement sa vie est foutue, il aura perdu son temps.

Non loin de là, un groupe de requins qui ont flairé le pigeon préparent leurs appâts.

Les méchants requins

Evidemment, après avoir lu ça et surtout vu le gros requin, vous vous dîtes que cet article est déjà orienté, un « article à charge » en quelque sorte, les petits artisans contre le monde du pognon, pot de Terre contre pot de fer… Mais ce n’est pas mon intention, alors je corrige le tir, dans le sens généralement emprunté par les requins en question, ces sociétés à but lucratif qui répondent toujours la même chose lorsqu’on leur demande quelles sont leurs motivations, qu’est-ce qui est à la base de la création de leur petite Start-Up (deviendra grosse). Il ne fait aucun doute qu’elles œuvrent essentiellement pour le bien des artistes émergents et la démocratisation de la musique. A la question en Interview de savoir quelles sont les attentes au niveau financier, on me répond totalement à côté: « nous sommes tous passionnés de musique…. c’est la musique qui nous relie et cette ambition et volonté à aider des artistes et labels« . J’aurais du m’en douter, pleins d’entreprises se montent pour ne pas forcément gagner de l’argent, suis-je bête. Je vais donc plutôt écrire « non loin de là, de bon samaritains avides de bonnes actions, qui avaient flairé tout le potentiel inexploité d’une manne artistique injustement ignorée, préparaient leurs appâts afin de leur rendre service ».

Les bons samaritains qui vont rendre service

Bien-sûr évitons d’avoir une vision trop manichéenne : tout n’est pas tout noir ou tout blanc, vous verrez qu’au final chacun tire son épingle du jeu et qu’il n’y a pas de grands méchants, à partir du moment où l’on n’oublie pas que c’est avant tout une économie de marché. C’est un jeu dont le système a évolué, qui reste fondamentalement le même que par le passé et brasse plus de Cash. Le passé c’est un monde où l’on parlait de « contrats avec une maison de disque », vous souvenez-vous ? On voulait rencontrer le grand patron, qui n’était pas du tout dématérialisé (pas d’inquiétude à avoir : il est toujours là, au bout d’une chaîne plus compliquée, et il compte les sous). Mais notre Nerd est un grand candide, il va s’émerveiller avant tout de la possibilité qui lui est donnée de divulguer sa musique. Trop heureux, il fait les choses pas à pas et n’a pas de vision globale de la grosse machine à brouzoufs.

La révélation divine

Donc le Nerd découvre SPOTIFY et la lumière éclaire le monde, les anges se mettent à chanter et hurlent de plaisir.

Puis il découvre DEEZER, NAPSTER, QOBUZ, et plein d’autres encore, et le Nerd a un orgasme : son oeuvre pourrait-être accessible au niveau mondial, il suffit de la déposer sur ces plateformes. C’est sûr, on va enfin le remarquer, il est quasiment impossible qu’avec une telle diffusion personne ne soit enfin ébloui par la qualité de sa musique. Tous ces auditeurs potentiels, tous ces clics qui vont forcément faire boule de neige !

Mais comment déposer ? Il faut un Label, c’est sûr. Notre Nerd tape donc « diffusion sur Spotify » et trouve le Graal : les Agrégateurs et les distributeurs digitaux. Le distributeur digital a soi-disant une valeur ajoutée, il est censé vous accompagner et faire un peu le travail d’un Label (on verra ces histoires d’options un peu plus loin).

C’est la providence… Quel monde merveilleux que celui qui vous permet de passer directement de l’artiste à l’auditeur. Le géant américain Tunecore ou la Start-Up Suisse iMusician Digital sont les deux principaux distributeurs digitaux. De nombreuses autres sociétés ont flairé le magot : l’agrégateur CD-Baby par exemple, ou Zimbalam, Dittomusic ; les distributeurs Believe Digital, Idol, Ioda, The Orchard, Zebralution… Tous n’offrent pas exactement les mêmes conditions mais font exactement le même travail : mettre à disposition sur les plateformes tout ce que vous avez envie d’y mettre (et vous verrez plus loin que cela peut-être vraiment n’importe quoi). Ce ne sont pas des Labels (même s’il vous offrent des options d’accompagnement), bien que certaines publicités jouent sur les mots afin d’entretenir une sorte de flou artistique là-dessus (« Publiez vos sorties sous nos labels gratuits – ou bien créez votre propre label « , chante iMusician). Un vrai Label s’occupe de vous, il investie et parie sur vous, il a force de publicité, il fait une campagne marketing pour vous sans que vous ayez à payer un abonnement. Là ce sont uniquement des ponts entre notre Nerd et les plateformes de streaming (150 pour Tunecore, 250 pour iMusician). C’est un nouveau métier du monde de la musique, des entreprises avant tout. Tout comme les Editions à compte d’auteur dans l’industrie du livre : tu publies si tu paies, mais tout le travail promotionnel ce n’est pas leur job. TuneCore a annoncé le 29 avril 2019 avoir atteint un chiffre d’affaires record de 1,5 milliard de dollars en téléchargement et diffusion en continu. Mais on ne parle pas de la part des revenus en abonnements, et c’est là l’objet de notre article : pourquoi distribuer notre Nerd ? Que rapporte-t-il à l’industrie du disque, et plus précisément aux distributeurs, dans le cas où il n’engendre pratiquement pas de téléchargements, de « streams » ? En clair : les distributeurs digitaux font-ils de fausses promesses de lendemains qui chantent afin d’appâter toute une manne d’artistes en devenir, qui auparavant ne rapportaient rien à cette industrie ? Et pour l’artiste en question, y-a-t’il vraiment quelque chose à y gagner ? Avant d’y réfléchir n’oublions pas, comme je le souligne dans mon précédent article sur la start-up KÂTCH (qui depuis a disparu des radars), que toute entreprise se construit sur un modèle économique qui doit être gagnant-gagnant, et que la quête du profit est chose normale. L’idée de ce pont entre plateformes de Streaming et tout un chacun, il a bien fallu que cela grandisse comme un bon concept, une bonne évolution, mais aussi que cela soit aussi un montage financier solide. Il n’y a pas de procès d’intention à faire : l’image du Requin de tout à l’heure c’est un peu dépassé, finalement. Seulement, les discours du genre « on a créé ça pour vous, les gars » , cela devient fatiguant. Il n’y a pas à être dans le déni : « on a créé ça pour vous, et aussi pour gagner de l’argent » semble plus honnête.

Accédez à vos Fans du monde entier… si tu en as.

Des lendemains qui chantent

Depuis le temps qu’il tourne en rond, le Nerd a bien une dizaine d’albums prêts à être diffusés, son back-catalogue est plein de petites pépites qui gagneront à être connues après le gros coup, le titre phare, le single qui va le révéler à la face du monde. Il compare les tarifs : pour TuneCore c’est 9,99€/an pour un single, 29,99€ pour un album (2 titres ou plus) puis 49,99€/an, et on récupère 100% des revenus des ventes. Pour iMusician 39€ pour un single, 79€ pour un EP ou 99€ pour un album si on veut récupérer 100% des ventes, mais les prix baissent à partir du moment on on cède une partie de ses royalties (Économisez 25% sur votre première sortie avec le code : AUDIOFAN). Pour un album par exemple y a ainsi plusieurs formules :

Ce qui attire notre Nerd c’est bien-sûr de ne pas dépenser d’argent avant tout, en tous cas le moins possible avant d’en avoir engrangé un peu. L’a pas trop de tunes, le Nerd. La formule « Regular » lui plait bien : sa musique sera diffusée sur toutes les plateformes pour seulement 39 euros, et il cédera seulement 15% de ses royalties à iMusician. D’autant plus que cela ne lui coûtera aucun abonnement à l’année, puisqu’il n’y en a tout simplement pas ! Ce qui veut dire que tout ce qui est publié restera indéfiniment sur les plateformes, tant que le distributeur existera et même après sa mort. Ça lui semble pas mal, bien mieux qu’un contrat des années soixante où les artistes se faisaient plumer par leur manager. Vive le progrès !

Allez Hop, en avant. Après une petite inscription gratuite il faudra confectionner des fichiers Waves en 44100 Hz 24 Bits, rien de plus facile sur les logiciels d’audio-mastering bon marché (et même versions gratuites), et une pochette originale 3000 x 3000 pixels (l’interface propose un utilitaire de création de pochette si besoin est). Puis sur une première page on définit le nom de l’album, l’artiste, l’année de création et une éventuelle date de parution digitale. Vient ensuite le moment où on va uploader les morceaux, un par un, dans le serveur de iMusician. Voici pour exemple une copie d’écran du travail sur un album :

Le bandeau vertical à droite permet de remplir les fameuses métadonnées indispensables à Spotify et consort, cela doit être fait pour chaque morceau : genre / sous-genre / année de création / instru ou chanson / compositeur / contributeurs / propriétaire de l’enregistrement, etc… Pas de quoi fouetter un chat. Notre Nerd y arrive facilement, et de toute façon s’il oublie quelque chose l’interface lui indiquera à l’étape finale. Tout ça est assez jouissif vu qu’on a l’impression d’être le maître des horloges, tu n’as personne sur ton dos à te dire « non non Jean-Luc, tu ne devrais pas mettre cette merde dans ton album, ce titre est pourri… ». On aurait même tendance à y fourrer le maximum (qui peut le plus peut le moins, dit l’adage). On a le contrôle ! Sur iMusician par exemple il est possible de concevoir pour le même prix un album contenant jusqu’à plus de 80 morceaux (quelle que soit la longueur). Il est également possible de revenir en arrière, changer les morceaux de place, les supprimer pour les re-uploader, tout est très simple et bien pensé. Tant qu’on a pas dépassé l’étape finale de facturation, tout est modifiable. Des frais sont facturables pour certaines modifications qui restent possibles même après la parution et coûteront la modique somme de 10€ : « Si vous souhaitez remplacer des fichiers audio, veuillez nous les envoyer via WeTransfer ou Dropbox. Si vous souhaitez mettre à jour votre pochette, veuillez vous assurer qu’il s’agit d’un fichier.JPG ou PNG d’au moins 3000 x 3000 pixels et que le titre et le nom de l’artiste sont écrits sur cette dernière »

Le moins que l’on puisse dire c’est que le système est très pratique et ouvert, du moins à ce niveau là (il devient plus opaque par la suite, en ce qui concerne l’affichage des tendances, les rapports quotidiens de Streams et téléchargements qui justifient les revenus que l’artiste est en droit de recevoir, mais c’est le fait des plateformes qui n’envoient pas régulièrement leur comptes). Pour le moment notre Nerd se constitue donc une véritable bibliothèque de fichiers Waves sur les serveurs de son distributeur, des fichiers aisément récupérables, « downloadables », et prêts à être édités selon son bon vouloir. Que de possibilités ! Il devient dingue. Et pouf pouf, on passe au choix du forfait (c’était donc Regular), on coche OUI OUI toutes les plateformes/ Tous les téléchargements (à cet instant précis le Nerd éclate en sanglots d’une joie intense), et c’est déjà le moment de la page ultime :

le dernier clic avant le grand saut vers la célébrité !

Après quoi, on connait : carte bleue, etc… Le nerf de la guerre. Le client a payé, une partie de l’objectif est atteint. Reste la vente additionnelle.

I guinguette no Satisfaction

« Ca y est, c’est fait ». Ce soir le Nerd se sent rassuré, son sommeil sera léger parce qu’enfin il y est arrivé, il a réussi. Il croit que tout le monde va pouvoir écouter sa musique. IMusician a engrangé ses 39.99 euros (multiplié par le nombre de Nerds je vous laisse imaginer), et dans à peu prés trois semaines l’album de notre ami sera sur toutes les plateformes, Amazon et Youtube y compris (le nouvel Eldorado, là ou tout est possible, ou le Buzz change une vie). Vous pouvez être sûr que le contrat sera rempli (votre part du contrat : si vous décidez d’éditer vos morceaux via un autre agrégateur, il faut préalablement les retirer de celui-ci en le demandant par Mail).

Le Nerd va également pouvoir suivre en direct, jour après jour, l’avancée de sa grandissante popularité au sein des plateformes. Spotify vient de lui demander de sélectionner un titre afin que celui-ci soit « Pitché » sur la radio des nouvelles sorties de la plateforme, et ceci jusqu’au jour où l’album sera dispo. Peut-être le Nerd s’imagine-t-il qu’il y aura des retombées, qu’on va le contacter, lui proposer des opportunités, que sa vie va changer car une porte sur le monde s’est ouverte (personnage caricatural, j’avais prévenu). Le tableau des tendances de iMusician est encore vide pour le moment mais ça va vite bouger puisque sa musique est partout. Le Nerd est confiant, ses fans n’attendent que lui (« accédez à vos Fans dans le monde entier« ).

Sauf que par la suite, Candide ne voit rien changer, son nombre de Followers se limite à 1 sur Spotify, qui n’est autre que lui-même. Quant aux Streams et téléchargements devant être reportés sur le site de iMusician… c’est une ligne quasiment droite, occasionnellement perturbée par ses propres écoutes. Il essaie d’avertir tous ses contacts sur la toile, que ça y est, son oeuvre est en fin dispo ! Mais que nenni, semaines après semaines, mois après mois, le Nerd se rend peu à peu compte de sa méprise : ça ne fonctionne pas comme ça. Il est comme une aiguille dans une meule de foin, perdu au milieu de centaines de milliers de Bits au fond d’un gigantesque Cloud . Exactement comme le type qui auto-édite un bouquin sur Amazon mais ne fait aucune publicité : un livre parmi des milliers d’autres dans une bibliothèque sans fin aux étagères qui montent jusqu’au plafond. Pour trouver le bouquin, il faut le chercher précisément, on ne l’aura pas par hasard.

Alors le Nerd googelise « comment obtenir plus de « Followers ». Sur les forums on lui conseille d’intégrer les grosses Playlists de Spotify, celles qui font beaucoup de vues. Donc il continue : « comment intégrer les grosses playlists » ? Et la vérité toute crue lui éclate au visage : des conseils de pros, de gens hyper-branchés qui lui confirme qu’il faut un réseau, connaître les bonnes personnes, être poussé par un gros Label ou faire le Buzz. Pleure, petit Nerd. On tourne en rond : sans notoriété pas de réseau, sans réseau pas de notoriété. Ça rappelle le « sans expériences professionnelles sur le CV pas de boulot, sans boulot pas d’expériences professionnelles sur le CV ». C’est du vécu pour énooooooormément de gens.

Il faut voir la plateforme de Streaming comme une grosse guinguette où personne ne vous entend chanter à moins de vous avoir réclamé ou de vous remarquer dans l’une de ces vitrines sponsorisées, les fameuses PLAYLISTS où il est impossible d’entrer par la seule force de son talent. L’agrégateur Tunecore donne d’ailleurs quelques conseils : « Si vous avez la chance de connaitre quelqu’un qui travaille dans l’industrie musicale vous pouvez aussi lui demander quelques services » . Sans blague… C’est très clair, ils vont même jusqu’à l’écrire, ceux qui se targuent de ne pas être de simples distributeurs mais d’accompagner les artistes. Il y a clairement une limite à cette sorte d’accompagnement ! On en est donc toujours là : le piston, c’est ça qu’il faut. C’est à dire qu’il faut remarquer les noms de ceux qui ont créé les playlists correspondant à votre style, et les prier, sur Facebook principalement, de bien vouloir accorder quelque attention à votre misérable petit morceau de musique. J’imagine à peine le nombre de demandes que ces gens-là reçoivent… Finalement, dans la guinguette Spotify, quelle différence avec les années soixante et les gratteux qui espèrent rencontrer la bonne personne au bon moment pour enfin percer dans le monde de la musique ? Le miroir aux alouettes qui fait croire à tant d’artistes qu’il suffit de faire pour être reconnu, ce piège est toujours là, mais il a changé de nature et se compte à présent en Giga-octets. Par contre ce qui est sûr, c’est qu’il rapporte bien plus que par le passé, car maintenant celui qui veut être reconnu est déjà « Bankable », avant de s’être fait un nom. Aussi pourrait-on dire qu’il est tout bénéfice de continuer à lui faire croire que tout est possible… l’artiste d’aujourd’hui paie pour être entendu, alors même qu’il n’en a aucune garantie. Il est tout juste « proposé ». Arnaque ? Fausses promesses ? Alors analysons un peu le discours des uns et des autres pour voir si cette manne que constituent « les artistes en devenir », principalement les auto-produits, est effectivement un marché juteux qui vaut bien quelques mensonges… En clair : la méprise de notre candide est-elle orchestrée, désirée, ou bien est-il tout simplement trop con ?

L’Eldorado manque d’eau

Voici les accroches généralement rencontrées sur les sites des distributeurs digitaux : « Vendez votre musique sur les plateformes de téléchargement et de streaming les plus populaires » , « Besoin de partager votre musique avec le monde ? Vous n’avez plus besoin d’un Label pour cela » , « … permet aux artistes et aux labels de se connecter avec les fans du monde entier » , « Accédez à vos fans dans le monde entier » , « Nous accompagnons nos labels dans toutes les étapes de la distribution numérique, et souvent bien au-delà : depuis la préparation des nouvelles sorties et l’élaboration de la stratégie commerciale jusqu’à l’ajustement du plan promo-marketing… (Idol) » , etc, etc… C’est toujours un peu la même chose, et les plus gros mangent les plus petits, Tunecore mange Zimbalam , Believe mange Tunecore, une vraie fosse aux requins autour d’un marché en expansion. Ils ne prennent même pas la peine de se différencier les uns des autres, la mécanique est bien huilée : tout d’abord l’accroche qui assure qu’on peut distribuer directement sa musique, vient ensuite la présentation des différentes options pour vous aider à concevoir les pistes Waves, des propositions de coaching, de mastering, des aides à l’utilisation des réseaux sociaux pour constituer une base de fans, des aides à la présentation de votre projet et de votre « CV » d’artiste. On se croirait chez les prestataires de Pole emploi qui vous font croire aux solutions miracles de mise-en-avant de vos compétences. Et bien-sûr, chaque option est payante, un peu comme les Pack proposés par les banques.

un exemple des options proposées par un DISTRIBUTEUR Digital (Musidiffusion)

Les distributeurs digitaux se targuant de ne pas être de simples agrégateurs mentent. Pascal Bittard, fondateur de Idol, déclarait déjà dans FOCUS de Mai 2012 « Distributeur numérique ou agrégateur, c’est exactement la même chose. Mais je déteste le mot agrégateur, parce que je le trouve très technique et froid. Le terme vient des États-Unis et n’existe pas en français au départ« . Les distributeurs… distribuent, et voilà tout. Ils font bien leur travail, iMusician fait bien son travail, mais celui-ci s’arrête à la distribution sur les plateformes, plus les fameuses ventes additionnelles de Packs Marketing que vous êtes libres d’acheter si ça vous tente. Il ne faut jamais l’oublier : tout ça, c’est du commerce. Mais… Comme il y a toute une frange de musiciens débutants à attirer, comme notre Nerd par exemple, il est tentant d’entretenir le flou entre Distributeur et Label, et même d’affirmer que les temps ont tellement changé qu’on a plus besoin d’être épaulé par un Label. « Besoin de partager votre musique avec le monde ? Vous n’avez plus besoin d’un Label pour cela… Créez votre propre Label…  » … Certains Distributeurs sont plus précis que d’autres à ce sujet. Et pourtant, seul une Majors ou un Label bien charpenté pourront vous procurer la publicité qui vous fera connaître et intégrer les grosses playlists (ça ou des relations bien placées, on peut toujours croire au Père Noël). Et ils ne vous demanderont pas de payer pour ça. C’est comme un vrai éditeur pour les bouquins, à la différence des éditeurs à compte d’auteur. Sans « maison de disques » pour vous appuyer, car c’est eux qui ont le réseau, vous partagerez du vent quelque soit votre talent. Considérons donc que nous avons affaire seulement à des outils de partage, et non pas des solutions de notoriété. C’est plus simple d’envoyer un lien qui pointe sur Spotify ou Youtube que d’envoyer un fichier MP3.

Il existe cependant de véritables liens entre Distributeurs et Majors, une constatation expliquée dans une « Étude exploratoire sur l’autoproduction des artistes de la musique » commandée par l’IRMA EN 2019 (IRMA : Centre d’information et de ressources pour les musiques actuelles) :

« Pour certains professionnels enquêtés, la réduction de la prise de risque par les majors, consécutive de la crise du secteur musical (crise du disque et développement du streaming) se traduirait également par des signatures moins fréquentes et moins rapides (« avant, les labels signaient beaucoup plus vite ») et par des signatures réalisées auprès d’artistes à la carrière le plus souvent déjà très développée. Cette transformation des logiques de repérage des artistes émergents par les majors et les gros labels indépendants se manifeste également parfois par la mise en place de plateformes liées à la maison de disque. Ainsi, Tunecore constitue une base de repérage d’artistes pour Believe ; c’est un « laboratoire » pour détecter les nouveaux talents. Aux États-Unis, Spinnup a été rachetée par Universal Music dans le même but de repérer des artistes avant de les signer (explicitant cet objectif dans leur campagne à l’égard des artistes : « faites-vous repérer ! »). En France, ce phénomène de rachat de start-up spécialisées dans le repérage de talents émergents se retrouvent chez certains majors et gros labels indépendants. Les directeurs artistiques interviennent alors sur le choix d’artistes jouissant d’ores et déjà d’une relative notoriété. » Donc… Faîtes-vous détecter !

…Seulement je doute fortement qu’il y ait un escadron d’auditeurs, travaillant pour un Majors, qui passent leurs journées à éplucher les fichiers envoyés à iMusician et consorts ! Arrête de croire au Père-Noël, petit Nerd, tu seras repéré uniquement grâce à ton nombre de Streams et de Followers, pas par la qualité de ta musique. Tu n’as donc pas lu ce qui est écrit plus haut ? (juste avant l’image « Alien dans l’espace personne ne vous entendra crier »).

Les petits filous du Streaming

Les plateformes de streaming serait des machines à cash. Et puisqu’on n’a pas toujours la possibilité d’engendrer des clics en pagaille, comme notre Nerd à présent au trente sixième dessous, certains se sont dit qu’ils allaient se débrouiller tout seuls. Lorsque vous tentez de pénétrer le réseau des « listes de Playlists » sur Facebook, en proposant la votre avec l’espoir qu’elle soit remarquée, vous recevez immédiatement des messages comme celui-ci : « Hey welcome, I am a professional digital marketing expert. I have lots of experience in this job. Are you looking for a reliable and trusted partner to make your Spotify music go viral with music promotion? I’m the best choice at affordable prices. DM me for your success« .

Si on répond cela donne : « Hi, I am a professional promoter and SEO Specialist. My service: 1 YouTube optimization (rank your video) 2/ WordPress SEO (rank your website ) 3/ YouTube Promotion 4/ Spotify promotion 5/ Sound cloud Promotion 6/Instagram Promotion 7/ Facebook Promotion 8/ Twitter promotion 9/ APP selling 10/ product selling i available in:Fiverr/upwork/PeoplePerhour i will reach your music/product/app in social media… Do you need any service ?« . C’est en général suivi d’une liste de prix telle que celle-ci :

C’est fou comme on a l’impression que tout le monde en veut à notre argent… Mais le Nerd, je l’ai déjà écrit, l’a pas d’argent. D’ailleurs son histoire à lui est déjà terminée. Alors de quoi s’agit-il ?

Vous avez peut-être remarqué ce genre de News : « Justin Bieber demande à ses fans de tricher pour que sa chanson Yummy soit numéro 1 » , ou bien « Booba clashe Maître Gims sur la triche dans le stream« . Et bien c’est de cela qu’il s’agit.

En gros, la rémunération des artistes sur les plateformes est calculée au nombre de clics + lecture d’au moins 30 secondes d’un morceau. C’est un peu plus compliqué comme l’indique le schéma suivant, mais ce qu’il faut retenir c’est qu’il faut une masse énorme de Streams pour qu’un artiste gagne un peu de brouzoufs :

Voici la moyenne des rémunérations par clic en 2019 ( mais moins vous avez d’écoutes et moins vous touchez par écoute, çela peut donc être bien en dessous) :

Donc, lorsque Justin demande à ses Fans de cliquer toute la journée en boucle sur « Yummy », c’est pour faire monter le score de la chanson, qui grimpera dans les « Charts » (qui reproduisent les classement des nombres de clics et de Followers), après quoi bien-sûr cela fait boule de neige et remplit les poches du petit chanteur au bonnet. Est-ce illégal ? Pas du tout. D’ailleurs Justin ne s’en cache pas. Il paraît même que dans le Rap cette pratique est devenue une habitude. Maître Gims s’explique auprès de Boba : « ça me fait chier qu’avec un clic, un petit billet, tu paies des gens qui te multiplient tes vues, tes machins en streaming. Et qui pètent le champagne ». Qui sont les gens dont parle l’homme aux lunettes noires ? Ce sont des entreprises qui ont basé leur Business là-dessus, comme le type du « Music Promotion Package » plus haut : vous payez et cet individu, qui n’a de cesse que de vous venir en aide grâce à un système informatique bien huilé, va générer plein de followers virtuels en train de cliquer comme des dingues sur vos chansons. Mais il y a pire : certains profils sur les plateformes sont de faux-artistes qui ont créé des albums dans le seul but de rapporter de l’argent aux clics. La recette est la suivante : tu fais un album contenant par exemple une quarantaine de morceau de 30 secondes de n’importe quoi (les distributeurs se foutent de ce que vous publiez), et tu les fais tourner en boucle sur une cinquantaine d’ordis. Là aussi il faut avoir préalablement préparer un réseau particulier mais c’est très faisable par un fondu de l’informatique. Un logiciel peut générer 20.000 écoutes par semaine selon un article de l’OBS. Le directeur général du Snep, Guillaume Leblanc, affirmait déjà en 2017 : « « On constate effectivement des anomalies, des volumes hors norme, mais on ne peut pas affirmer qu’il y a tricherie. Le streaming est un nouvel environnement et nous essayons, comme tout le secteur, de comprendre ce marché en construction« . William Bedell, se définissant lui-même comme « un bidouilleur », a présenté son propre programme de multiplication des écoutes de ses morceaux sur Spotify, qui lui a permis de gagner 29,83 euros par jour (10.895 euros par an).

Maître Gims publiera même sur Instagram une photo de l’une de ces « usines à Streams », un système encore plus gros basé évidemment en Chine :

S’il est facile de repérer un artiste ayant beaucoup été streamé mais sans des tonnes de Likes (il utilise donc peut-être ce système), par contre rien ne peut attester que les clics sont frauduleux : après tout, la loi ne vous empêche pas d’acheter une armée de téléphones et d’écouter vos morceaux en même temps dans tous les coins. Il y a un « vide juridique ». Les plateformes désapprouvent, les distributeurs désapprouvent, mais Hadopi n’est pas encore armé pour régler ça. Des sociétés comme Boostium, qui usent de ce procédé, ont pignon sur rue et agissent en toute légalité pour « permettre aux artistes de développer leur visibilité sur Spotify « . Bien-sûr lorsqu’il s’agit d’affaires devenues publiques les grosses plateformes sont bien obligées de se pencher dessus, mais ça ne se règle pas pénalement. Dans le flot monstrueux de tous les Streams, combien se servent de cette méthode pour faire gonfler leur score ? Et quel intérêt auraient SPOTIFY de limiter une pratique qui leur rapporte de l’argent, vu que ce sont eux les premiers gagnants à chaque clic ? Par soucis d’honnêteté dans un monde de Bisounours ?

Un peu de Psycho

Sortez vos mouchoirs. Pour notre Candide il n’est pas question d’acheter les services de qui que ce soit, ce genre de choses exigeant une mise de fond au départ (voir le devis plus haut). Un type qui publie un album de 60 morceaux de chacun 30 secondes de bruits de vagues peut faire des milliers de clics en trichant (véridique), un autre remportera le jackpot parce qu’il aura fait les yeux doux à un influenceur… une fois levé le voile le Nerd est un peu moins séduit par les plateformes. Et pourtant… Il continue. Parce que l’offre du distributeur lui-permet de réaliser son rêve : sur les plateformes, il « officialise » sa vie d’artiste. Dans son cas, et pour une multitude d’artistes, Internet est la seule scène, pour le moment la seule issue qui donne vie à leur art. Certes il ne sont pas connus, pratiquement personne ne clique sur leurs morceaux, mais ceux-ci sont prêts à être consommés. Les déposer sur les plateformes c’est la patte finale de leur création artistique, comme envoyer un manuscrit à un éditeur, jouer une chanson pour la première fois dans un concert. A cet instant précis, au dernier clic après avoir rempli les codes de carte bancaire, on se dit « voilà c’est fait, c’est bouclé, et je passe à présent à un autre projet ». C’est une petite victoire sur ce sentiment de jouer dans le désert, sur l’anonymat, c’est un petit gage d’immortalité dans un monde volatile où il est difficile de laisser sa trace (on pourrait même délirer et disserter sur le rôle sociétal des Distributeurs digitaux, qui combattent la frustration et apportent une aide psychologique aux artistes enfin « édités »… mais on va s’en passer).

permettre à chacun de s’épanouir, un rôle important et rénumérateur

Tout ce meli-melo psycho je suis certain que les gens de Spotify l’ont parfaitement intégré. La preuve en est que jusqu’en 2017 il n’était permis d’avoir un profil « ARTISTE » sur la plateforme qu’à partir de 250 Monthly Listeners. C’était un badge très convoité car gage d’un certain succès. Ce sésame vous donne accès à une page de présentation que vous remplissez à votre guise (overview / about / concerts / fans also like). Vous y rajoutez donc photos et bio, lien vers un titre d’actualité que vous voulez mettre en avant… Depuis 2017 et parallèlement à la monté en puissance des Distributeurs digitaux, tous le monde peut se prévaloir de ce statut d’artiste sur Spotify , il suffit de leur en faire la demande. La limite entre plateforme de streaming et réseau social est de plus en plus mince, finalement, bien que la plateforme affirme le contraire dans sa présentation du nouvel outil CANVAS for Artists permettant de personnaliser encore plus sa « page » Spotify (« Spotify indique clairement ne pas désirer devenir un nouveau réseau social, mais indique tout mettre en œuvre pour développer des outils aux artistes permettant de se rapprocher de ses fans, se faire connaitre et commercialiser sa musique » ).

Une évolution nécessaire et inévitable

Le couple Agrégateur (ou distributeur) / Plateformes est le nec plus ultra d’un système qui a compris que les artistes plébiscités ne sont que le sommet de l’Iceberg : puisqu’il est de plus en plus facile de produire de la musique enregistrée à moindre frais, il faut faire en sorte qu’il soit aussi plus facile de la « distribuer » (… de « capitaliser » dessus, diraient les esprits grognons). Après tout rien ne change : dans le monde de la musique il faut se produire devant de vrais gens pour espérer percer (et se faire un réseau, augmenter ses streams et ses Likes, etc…), il faut faire des rencontres. On a vu qu’il y a toujours aussi moyen de tricher, comme dans les années 90 quand les majors achetaient leur propre stock de disques pour accéder au « hit-parade », et même bien avant depuis les années soixantes. Rien ne change, seul l’emballage est différent. Et tous ceux qui utilisent des distributeurs digitaux en ont pour leur argent : ces sociétés sont là pour distribuer, un point c’est tout. Il ne faut pas croire au miracle, au Buzz sorti de nulle-part… Surtout, n’oublions pas la vraie valeur ajoutée : si vous avez un vrai succès AVANT de distribuer sur les plateformes (grâce au Live par exemple), si vous avez un vrai réseau qui commence à enfler, rien ne vous empêche à présent de vous affranchir des maisons de disques et de créer votre propre Label en lien avec l’agrégateur. D’ailleurs, à tout bien réfléchir, les messages comme « Accédez à vos fans dans le monde entier (iMusician) », « Partagez votre musique et élargissez votre fanbase (TuneCore) », ne s’adresseraient-ils pas plutôt à des artistes confirmés ou des petits Labels qui ont envie de s’affranchir d’intermédiaires ?

Le témoignage de Caroline

Caroline Fontaine, avec autoproduction.net, est une vétérante de la lutte pour la reconnaissance des artistes auto-produits dans l’industrie de la musique, son témoignage peut-être éclairant pour comprendre l’évolution qui a conduit au système actuel :

« Même si aujourd’hui encore, certains artistes ne souhaitent pas être sur les plateformes comme Spotify parce qu’ils trouvent que mettre leur musique à disposition sans contrepartie financière (car le revenu au Stream est ridicule quand tu n’es pas connu), cela reste que c’est devenu le principal modèle d’écoute de la musique. Tout ceci me replonge au début en 2005 lorsque j’ai eu la chance de tomber sur un contact chez Ioda qui était comme moi à vouloir donner la chance aux artistes autoproduits d’être sur les plateformes de Streaming à moindre coût. À l’époque, les agrégateurs comme par exemple Wild Palms Music (à la durée de vie de seulement 4 ans) et Believe prenaient un frais d’entrée + un pourcentage sur les ventes. Sachant qu’un artiste qui démarre n’a pas forcément d’argent, mon objectif était de permettre aux artistes autoproduits de ne pas avoir de frais de départ. Ioda n’acceptait pas les artistes indépendants alors j’ai signé un contrat avec Ioda et par mon intermédiaire les artistes pouvaient y entrer et sans frais (à part le pourcentage sur les revenus)! Quelques temps après ma signature avec Ioda, les agrégateurs ont supprimé les frais d’entrée (si j’ai permis ceci, c’est une belle victoire pour les artistes). Ensuite, le service Watunes a ouvert en supprimant les frais de pourcentage pris sur le stream !!! Pour du plus concret et encore fonctionnel aujourd’hui, il y a Routenote qui est à considérer puisque, au choix, vous choisissez 0 frais avec 15% sur le revenu ou 30$ la première année suivi de 10$ les suivantes sans pourcentage sur les streams. Avec ce type de service, vous pouvez donc protéger gratuitement votre musique en démontrant une date de mise en ligne de votre musique. Pour en revenir à Ioda, le service a été racheté par The Orchard donc aujourd’hui les artistes que j’ai fait entrer à l’époque chez Ioda sont chez le service américain The Orchard. Ces artistes ne sont pas plus populaires en se trouvant sur ces plateformes mais auraient-ils plus de revenus s’ils n’y étaient pas ? ».

au départ, avant le merchandising, la volonté de quelques uns

Grace à ce petit rappel on mesure les progrès qui ont été fait et combien il était difficile auparavant d’intégrer les plateformes. On voit aussi que c’est probablement la volonté de gens désintéressés qui a fait évoluer les conditions d’accès au marché, même si inévitablement le marché en question n’échappe pas aux tractations financières qui vont de pair avec toute activité commerciale. Les petits inventent, les plus gros (qui ont été petits) prennent la suite et rendent tout ça « Bankable »… Un cycle sans fin. Il ne faut pas oublier que tout a vraiment commencé avec Napster qui a été cofondé par Shawn FanningJohn Fanning (plus de détails en anglaisen) et Sean Parker en juin 1999. Initialement, le service avait été conçu comme un service de partage de fichiers en pair à pair, jusqu’en 2001 et des déboires avec la justice pour atteinte aux droits d’auteurs. « Après 2001, la marque et le logo Napster, acquis par Roxio, continuent à être utilisés aux États-Unis par un site de téléchargement légal de musique respectant les différents droits d’auteurs sur les morceaux de musique. Il propose, seulement aux habitants des États-Unis, de choisir dans un catalogue de plus de 20 000 000 de chansons… (Wiki) ». Puis la technologie a permis le Streaming, la distribution digitale, mais tout avait commencé avec une notion de partage et non de profit, cette même notion de partage et d’entraide que les Agrégateurs mettent souvent en avant dans leur pub.

La distribution digitale c’est uniquement dans le cas où vous ne souhaitez pas forcément que l’on achète vos œuvres sous forme de CD… mais de toute façon l’évolution continue, et on sait bien que le support physique va disparaître, alors…

Quelques soient les motivations des acteurs actuels, pour l’artiste auto-produit tout est plus simple avec un Distributeur digital : ce sont eux qui s’occupent de tout, ils engrangent ce que versent les plateformes et c’est directement à votre disposition. Certes, c’est une question de confiance : dés le départ du circuit c’est une question de confiance car vous ne pouvez pas vérifier que les plateformes vous livre les bons comptes de Streams… C’est pourquoi c’est aussi une question de communication, que j’ai essayé d’établir avec le Distributeur iMusician dans l’interview qui suit.

Interview

(Note du rédacteur : ils ont été très sympa d’accorder cet ITW et je les en remercie, d’autant plus que ce fut un échange de Mail assez fourni auxquels l’équipe de iMusician a répondu rapidement et très cordialement, malgré le fait que je puisse être énervant en réclamant des réponses précises et non pas des copiés-collés ressemblant à de la pub. Je ne sais pas si j’ai réussi à leur faire dire autre chose qui ne soit pas déjà dans la FaQ de leur site).

  1. L’organigramme iMusician est très fourni, pouvez-vous faire un rapide historique de la création de la société ? Quelle est l’idée à la base de cette création ?
  • iMusician a été créée en 2007 par Shigs Amemiya & Tobi Wirz car ils savaient que le futur c’était le digital et ils voulaient proposer une entité stable et sincère pour l’accompagnement d’artistes et labels indépendants dans la distribution digitale. 
  • Quelles sont vos perspectives d’évolution ?
    • Nous voulons créer un monde où les artistes qui veulent devenir pro, peuvent le faire, et un marché où les labels indépendants peuvent rivaliser sur un pied d’égalité. iMusician a été fondé avec un esprit rebelle et un objectif ambitieux : abattre les murs érigés par l’industrie de la musique qui maintiennent les artistes et les labels indépendants à l’écart. Nous pensons que la musique ne devrait pas être un simple passe-temps ; les musiciens méritent d’être payés. Nous croyons vraiment que tout le monde devrait avoir un accès égal au marché – et nous nous sommes déjà battus pour que cela arrive. C’est pourquoi nous nous efforçons de vous faciliter la vente, la gestion, la protection et la monétisation de votre musique, afin que vous puissiez devenir plus viable financièrement et faire plus de musique. Nous avons plusieurs projets à venir que nous avons hâte de vous annoncer prochainement. 
  • Votre offre contient de multiples options de publicité pour « booster » la popularité des artistes, peut-on dire que c’est surtout par ce biais que vous capitalisez ?
    • Nos offres proposent la distribution de musique sous la forme de singles, Eps ou albums. Vous pouvez monétiser votre musique sur YouTube via notre programme YouTube Content ID. Vous pouvez également profiter de notre pack Artist Pro pour nos outils promotionnels (Pré-commandes, Pré-save pour Spotify, Modification du prix sur les plateformes de téléchargement, Création et personnalisation de profils artiste sur les plateformes de streaming, player promotionnel, etc.). Vous pouvez également masteriser vos pistes avant de les distribuer. Nous proposons en parallèle des packs à prix réduits pour la stratégie de diffusion et également un forfait conçu spécialement – mais pas exclusivement pour les labels – appelé « Pro Unlimited ». (Ndr : pas vraiment une réponse à la question…)
  • Quels sont les retours les plus fréquents que vous obtenez de vos clients ?
    • Nos clients sont principalement ravis et satisfaits de notre service Artistes et Labels qui vous répond rapidement (24-48h) par email dans votre langue avec des réponses de qualité et une équipe qui vous écoute et prend soin de la distribution de votre musique que vous soyez un petit groupe avec un premier single ou un gros label avec un fort potentiel. Nos artistes et labels adorent également trouver leur sortie sur +200 plateformes dans le monde entier – plateformes locales ou spécialisées – et également d’avoir la possibilité pour nos artistes dans le genre électronique de les diffuser sur Juno, Beatport et Traxsource par exemple. Concernant nos artistes, nous avons souvent des pochettes non-conformes et nous essayons d’aider l’artiste à créer une pochette qui sera acceptée par l’ensemble des plateformes de streaming et de téléchargement. C’est assez récurrent que nous nous devons de le faire et nous espérons prochainement pouvoir trouver un moyen efficace de créer une pochette pour eux s’ils ont des difficultés à en créer une. 
  • Dans un album on peut mettre autant de morceaux que l’on veut, est-ce voulu ?
    • Malheureusement, il y a toutefois une limite. Vous pouvez ajouter jusqu’à 99 pistes sur un album. C’est déjà un grand nombre et c’est très rare que nous dépassons les 50 titres sur un album par exemple. Vous pouvez avoir de grosses compilations en plusieurs volumes ou une bande originale d’un film ou jeux vidéo et dans ce cas, il peut s’avérer qu’elle soit aux alentours de 60 pistes par exemple, mais il est très rare d’avoir des sorties d’album à publier avec 99 pistes. Il est également plus intéressant pour un artiste de publier sous plusieurs formats de singles, EPs ou albums plutôt que de tout regrouper dans une seule sortie. Cela permet de promouvoir plusieurs sorties et de ne pas perdre l’auditeur en route. 
  • Faîtes vous une sélection des artistes ?
    • Nous ne sommes pas un label donc il n’y a pas de sélection d’artiste. Tout artiste ou label est le bienvenue chez iMusician pour y distribuer son ou ses singles, EPs et albums sur toutes les plateformes de streaming et téléchargement. 
  • Vous arrive-t-il de refuser des clients car il est impossible de proposer certaines musiques aux plateformes de streaming ? Ou bien parce que c’est… trop nul ? Un son défectueux ?
    • Il nous arrive de ne pas pouvoir publier une sortie plutôt que de refuser un artiste. Malheureusement, les plateformes de streaming et de téléchargement ont des règles à suivre et nous nous devons de les appliquer pour avoir la musique publiée sur leurs plateformes. Par exemple, la pochette doit être de 3000 x 3000 pixels au format JPEG ou PNG. Elle doit également (généralement mais ce n’est pas une obligation), fournir le nom de l’artiste/du groupe et le nom de la sortie avec potentiellement le logo du label mais pas d’informations additionnelles qui pourraient être bloquées soit par notre service d’Assurance Qualité ou par les plateformes directement. La ou les pistes doivent être au format WAV 16 ou 24 bits et de bonne qualité sonore (les plateformes ou iMusician ne juge pas la qualité de la composition). Les métadonnées doivent être également correctement remplies (compositeurs, auteurs, etc.). Vous trouverez dans cet article de notre FAQ toutes les données nécessaires.
  • Comment se passe la rémunération des artistes ?
    • Les différentes plateformes prennent en moyenne trois mois pour nous envoyer vos chiffres définitifs de streams/ventes. Nous prenons ensuite un mois pour vérifier et répartir correctement vos revenus sur votre compte. Il n’y a pas de montant minimum de ventes pour pouvoir recevoir l’argent sur votre compte. Dès que vos ventes sont disponibles sur votre tableau de bord, vous pouvez demander un paiement. Notre département de comptabilité transférera l’argent sur votre compte Paypal ou bancaire, selon celui que vous aurez choisi. (ndr : en fait paiement quand la somme dépasse 100 €)
  • Qu’est-ce qui est perfectible sur iMusician ?
    • Chaque jour, nous travaillons à améliorer nos services. Aucun service ne peut se prétendre parfait. Nous essayons de travailler sur la fluidité de l’application, la mise en place d’outils pour aider la création d’une sortie (récemment : vous pouvez trouver l’artist ID directement en cliquant sur le nom de l’artiste quand vous créez une sortie). Nous travaillons à simplifier la vie de l’artiste ou du label dans la distribution digitale. 
  • Il apparaît que dans le graphique des « tendances » sont comptabilisés principalement les Streams et téléchargements de SPOTIFY. C’est ce qui est rapporté dans les forums. Est-ce dû au fait que les autres plateformes vous envoient leurs rapports avec beaucoup plus de décalage, jusqu’à plusieurs mois ? (Napster, Deezer, Qobuz par exemple).
    • Effectivement toutes les plateformes ne communiquent pas les tendances. Voici les plateformes qui nous transmettent vos tendances : Apple Music / iTunes / Spotify / Amazon MP3 / Beatport (mise à jour trimestrielle) / Juno Download /Napster /Google Play / Juke (24-7) / Deezer / Traxsource. Veuillez noter que ces chiffres ne sont pas définitifs : certaines plateformes permettent aux utilisateurs de retourner leurs téléchargements sous un certain délai, certaines plateformes proposent la résiliation d’un abonnement après qu’un client ait écouté votre musique. Il se peut que certaines plateformes aient des calendriers différents – les mois peuvent ne pas être divisés en semaines ou ne correspondent pas aux mois civils, ce qui peut entraîner des écarts. Les chiffres définitifs sont disponibles dans le rapport de ventes.
  • Combien d’artistes gérez-vous ?
    • Nous avons plus de 200 000 artistes chez iMusician.
  • Si un jour la société iMusician disparaissait, quelles seraient les conséquences pour les artistes ?
    • iMusician n’a pas prévu de disparaître donc il n’y a aucune inquiétude à avoir pour nos artistes ou labels (note du rédacteur : après recherche il s’avère que dans ce cas les morceaux disparaissent du catalogue des plateformes, c’est ainsi pour tous les Agrégateurs, à moins qu’avant de « disparaître » la société ait été rachetée par un plus gros poisson).

    Cet interview a été complété ensuite par un échange de Mails dans lesquels je demandais une explication au phénomène suivant : j’avais remarqué en lisant les forums que des utilisateurs se plaignaient que les Streams affichés dans les tendances pouvaient disparaître. Certains ont aussi affirmé que les rapports finaux sur lesquels se basent la rétribution de l’artiste ne représentent pas la totalité des Streams. De là à accuser iMusician de vol il n’y a qu’un pas. J’en ai fait moi-même l’expérience : le 30 juin je regarde mon graphique des tendances qui affiche 3.2 k pour le 26 juin, le 1er juillet je regarde le même graphique et cette fois-ci il affiche 108 Streams pour la même date, le 26 juin… 2 jours après les 3.2 k sont revenus. J’ai donc présenté l’anomalie au service client et voici la réponse :

    • Les tendances sont données à titre indicatif et sont susceptibles de changer en fonction des rapports que nous envoient les plateformes. Par ailleurs, toutes les plateformes ne sont pas comptées. Certains Streams ne le sont d’ailleurs pas forcément (ex: Streams de comptes gratuits, Streams en boucle, Streams suspects…). Nous ne nous vous volons aucun Stream.

    Même s’ils n’apportent pas vraiment d’explications aux fluctuations observées, je pense que tout simplement leur système de rapport quotidien des comptages n’est pas au point. Peut-être est-ce une tâche impossible pour le moment. Ce ne sont que des tendances à titre indicatif, un gadget, il ne faut pas prendre ça pour argent comptant. Quant au rapport final, nourri des comptes définitifs des plateformes après plus de quatre mois, s’ils ne représentent pas ce que vous pensez avoir généré en écoutes peut-être faut-il voir du coté des plateformes dont le système de rétribution aux artistes est d’une complexité sans nom.

    CONCLUSION

    Les Distributeurs digitaux sont utiles, et même indispensables compte tenu du nombre d’artistes auto-produits actuel. C’est une évolution logique du monde de la musique. Ils n’ont pas à être tenus pour responsables de la propension qu’ont certains artistes à croire au Père-Noël (comme notre candide), à partir du moment où ils ne tentent pas de se faire passer pour un vrai Label. Ils ne sélectionnent pas les artistes, vous pouvez passer par eux pour déposer vos enregistrements de poulets sur les plateformes : iMusician, Tunecore, tous les distributeurs sont avant tout des outils. Les liens entre distributeurs et plateformes de Streaming sont perfectibles : les comptages de Streams sont encore trop opaques.

    Liens intéressants :

    Présentation d’iMusician : Que Vaut le Distributeur Digital Made In Suisse ?https://marketingmusical.fr/imusician-avis/

    Tunecore ou iMusician ? Avis et Comparaison des Distributeurs Digitaux
    https://marketingmusical.fr/tunecore-imusician-avis-comparaison/

    Comment préparer la sortie d’un single pour augmenter sa visibilité

    Les conseils de Groover

    Métiers de la distribution numérique : la mutation prend forme
    https://www.irma.asso.fr/IMG/pdf/68-focus_mai_2012-2.pdf

    Streaming de musique : tricher plus pour gagner plus ? https://www.nouvelobs.com/economie/20170202.OBS4755/streaming-de-musique-tricher-plus-pour-gagner-plus.html

    Une arnaque à la playlist Spotify aurait rapporté une fortune à un bulgare

    Radio Télévision Suisse

    Fredel

    Auteur-compositeur de musique pathétique sous le nom de SILEREVES, auteur de livres fantastiques & SF, occasionnellement journaliste dans la presse et radio locale, FREDEL vit en Charente-Maritime prés de La Rochelle (la ville de Champlain, fondateur du Québec en 1608...).

    10 commentaires sur “Candide au pays des distributeurs digitaux

    1. Très enrichissant.
      Je bosse sur mon prochain album, ne me suis jamais intéressé à toutes ces possibilités virtuelles de se concrétiser, voire gagner quelques cents avec sa musique et je ne sais pas quel support choisir. Les derniers étaient des CD. C’est obsolète… Après lecture de l’article, je laisse tomber les solutions du net.
      D’une part, puisqu’on ne peux que perdre sur le net ( j’ai essayé Bandcamp : rien), je vais laisser mes musiques libres.
      Que faire en concret?
      Un petit projet qd même où je proposerai à l’achat ( concerts, expos..) un coffret avec des repros de tableaux en collaboration sur chaque chansons…. En support, une clef USB.
      Qu’en pensez vous ?

      1. Une clé USB est une bonne idée pour ceux qui ont besoin de quelque chose de physique. De plus, ils pourront en trouver une autre utilité une fois les fichiers récupérés… C’est une solution avec un bien matériel et je pense qu’à l’heure du numérique, il est aussi nécessaire de trouver des solutions autre que physique.

        Une chose qui est à considérer, c’est de penser à s’adapter aux différents âges de son public car chacun à sa méthode d’encourager les artistes.

        1. Un bon vieux tourne disque qui marche au solaire et des vinyles résisteront à une crise où Internet sera coupé… Je me dis parfois que le numérique est si volatile….

      2. si tu as un réseau sur Facebook ou ailleurs, le net est un outil pour rendre tes musiques plus accessibles, les plateformes sont pratiques même si elles sont pas une fin en soi… Mais un bel objet comme tu le décris, ça a l’air accrocheur, dis-nous en plus !

    2. Cet article est passionnant et me confirme que ce monde (musique ou autre) est décidément a bout de course. L’argent et le profit sont les nerfs de la guerre et de guerres il y a tant qu’on finira tous par en crever sans retour possible, d’ailleurs tout finira par disparaître et les plateformes avec… je suis comme ce Nerd de l article et je continue toujours à produire des titres, quand bien même je sais pertinemment qu ils ne sont jamais écoutés. Tout va trop vite, trop de medias, de contenus, bon ou mauvais, peu importe, c est subjectif. Au fait l artiste souffre et se prend la tête pour sortir de ses tripes ce qui lui semble essentiel, je le vis au quotidien dans la musique, la photo ou l écriture, mais de voir que nous ne sommes que des grains de sable dans ce néant médiatique finit par imprimer en moi une incompréhension mêlée de frustration qui me tire vers le bas. J’ai fini par comprendre que le plus important est de faire les choses pour soi, sans viser ne serait ce qu un retour émotionnel. J ai choisi pour ma part un compte pro sur SoundCloud et ça me suffit. J y dépose mes titres au fil du temps et je me contente des 17 écoutes générées par des post Facebook auprès d un petit réseau que je me suis créé. Au final je n adhère plus à la course frénétique, peut être est ce enfin un début de sagesse ? Je vis dans l art et pour l art et je ne passe pas une journée sans y penser ou le traduire dans une action ciblée ou me battre pour une idée. Bref, cet article pour le moins m à révolté et merci de l avoir diffusé.

      1. au départ produire avec l’espoir d’être écouté, puis on comprend que faire de la musique est un besoin viscéral. Pour ma part je suis plus producteur que musicien, je suis un bricoleur et je ponds des Waves. Peux pas m’en empêcher, j’en ai pris mon parti.

    3. Personnellement, je n’utilise que des prestataires avec paiement à l’acte, surtout pas d’abonnement. Je veux que ma musique reste dispo quoi qu’il arrive.
      Je suis d’accord avec la conclusion, et j’ajouterais que pour moi, les plateformes numériques (je me bats contre l’anglicisme de « digital ») sont devenues avant tout une sorte de bibliothèque musicale géante, où l’on peut choisir de figurer pour être accessible le plus facilement possible… et tant qu’elles existeront. Même si on peut imaginer qu’un jour les vieux artistes comme nous seront « archivés » pour faire de la place sur les serveurs…

      1. Je suis d’accord avec toi, il s’agit plus d’archivage, un outil et non une finalité. Quant à la pérennité… je préfère ne pas y penser.

    4. J’ai quand même pris une claque en lisant cet article et ça fait du bien; Je me retrouve bien dans la figure de ce nerd qui produit « une oeuvre » et qui aimerait bien la pousser un peu quand même. Après une brève étape de sidération j’en viens à la conclusion qu’il va falloir examiner sérieusement l’option live dès que possible. sinon quoi on formate tous nos disques durs?

      1. Cela dépend quel est ta motivation : si c’est pour faire carrière, effectivement on ne peut pas se contenter de “stocker” du son sur les plateformes. Mais on ne peut pas toujours faire du Live, ça demande du matos et on peut produire de la musique de qualité grâce à des logiciels multipistes à la maison sans pour autant exporter ça en Live. Certains artistes ne se sont jamais produits en public. Je n’ai pas de recette miracle, malheureusement, c’est un peu comme un écrivain auto-édité : le nerf de la guerre c’est la publicité qu’on va faire autour du bouquin. Tout ça ça coute de l’argent. L’argent appelle l’argent. Se faire remarquer… passer en radio, avoir un coup de chance…. finalement toujours les mêmes problématiques que dans les années 60, sauf qu’à présent il est beaucoup plus simple d’enregistrer des titres.

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