L’hypocrisie ou propagande musicale en allant voir Bad Uncle

L’hypocrisie ou propagande musicale en allant voir Bad Uncle

Nécessairement, il faut aller voir des shows médiocres pour vraiment mesurer la qualité de ce qu’on aime.

MISE EN CONTEXTE

Après m’être baignée littéralement dans l’huile d’origan depuis la veille afin de soigner à l’avance une grippe que je voulais casser d’emblée, j’étais là, fébrile et docile, prête à dompter la nuit le temps d’un show de folie. Je me délectais d’avance à la seule idée d’assister pour une seconde fois à la prestation de Bad Uncle, eux ou les enfants terribles des gitans montréalais. J’étais impatiente de sortir de ma caverne et de m’ouvrir à ce monde fantastique qu’est la vie (heu, ouain moyen…non non, je ne suis pas entrée dans une secte…).

Pour l’occasion, le trio de groupies était réuni et Fred@ avait décidé de nous accompagner à la dernière minute. C’est même moi qui lui avait vendu l’idée. J’avais des arguments tellement convaincants…que j’explique ici. J’avais le goût de la fête qui me brûlait les lèvres (ainsi que tout le reste de mon corps) et j’avais envie de danser jusqu’à y laisser mon âme sur la piste. Rien de moins.

21h. Nous grimpons les marches du Petit Campus et pénétrons la salle vide. Cath et moi ne sommes pas surprises, cela nous arrive tout le temps, ces trucs-là…Le gars de l’accueil nous demande si on vient voir Bad Uncle…Évidemment….On prend place et quelques anecdotes épiques plus tard, la salle est toujours aussi vide. Le temps avance et une incertitude planante vient casser l’ambiance platonique qui règne depuis le début de la soirée dans cette salle déserte: et si….ahh non, c’est sûrement correcte…enfin c’est ce qu’on se dit. On continue alors de rire comme des cinglés.

22h15. Les gars de l’entrée viennent nous aborder pour récolter le prix des billets et ils se présentent:

 »Bonjour, nous sommes les gars de la première partie.. moi je fais un style plutôt piano-voix et lui c’est un slammer. J’espère que vous apprécierez le spectacle! Si jamais vous n’aimez pas, on s’engage à vous rembourser le prix de votre entrée! »

Bon, ok, c’est un peu bizarre que ceux qui s’occupent de la première partie viennent se présenter aux spectateurs un à un, mais c’est sympathique. Bon, ok, c’est VRAIMENT BIZARRE qu’ils veuillent nous rembourser et qu’ils nous préviennent avant le show qu’on risque de ne pas aimer, mais j’étais prête à tout pour Bad Uncle…Je le savais que cette prestation pourrait s’avérer être choquante pour les gens, alors je comprenais le principe. Quoique…

22h20. La Française au look hippie et à la casquette bouffante tout droit sortie des années 90, soit celle qui organisait le show, vient à son tour se présenter à notre table.

 »Bonjour, merci d’être venus, ce soir il y a trois artistes en vedette, j’espère que vous allez aimer. Si vous n’aimez pas, on vous remboursera. »

Hum hum…deuxième fois qu’on mentionne le fait qu’on sera remboursés si jamais…Pourquoi ai-je encore le sentiment que je me fais avoir? Bah non, ce n’est sûrement pas le cas…Alors on continue de rire comme des cinglés des anecdotes de Cuba.

PREMIÈRE  »PREMIÈRE » PARTIE

22h30. La première partie commence. En ouverture, celle que j’appellerai Irène (l’organisatrice) monte sur scène pour nous présenter les artistes. Le silence plane dans la salle. Elle se lance sans filet dans un pseudo-numéro de simili-stand-up comique qui n’est…pas drôle. Et elle attend les applaudissements…entre deux silences malaisants. D’ailleurs, elle nous le dit elle-même:  »oui oui, vous pouvez applaudir! De toute façon, quand vous allez me connaître, vous allez m’aimer!  » Heu….QUOI? Est-ce que c’est un show d’humour et on ne me l’a pas mentionné? KESSÉ ÇA CALISSE! (oups, désolée). Bon, quitte donc la scène Irène qu’on passe aux choses sérieuses un peu.

Alexandre Farina monte sur scène, seul derrière son piano. Vêtu de son veston beige et de sa petite chemise jaune, sa mine d’enfant chétif et frisé embrasse tout à fait l’accent français qui émane de ses lèvres. Lui aussi.

Confidence: j’adooooorrrrreeeeeee l’accent des gens….vraiment. J’ai des preuves vraiment concrètes en plus. Toutefois….pas quand ça sonne comme un gazou et que c’est trop aigu. Surtout, SURTOUT, quand la personne CHANTE….Fin des confidences.

Il débute sa prestation par quelques accords au piano.

Confidence #2: j’adoooooorrreeeeeeee vraiment les pianistes. J’ai des preuves vraiment concrètes que j’ai d’ailleurs mentionnées à plusieurs reprises sur ce blog de fou. Toutefois………pas quand la personne ne fait que plaquer n’importe quel accord majeur selon les mots qu’elle dit. Fin des confidences.

 »Retiens-toi d’aller pleurer sur mon front (…), Que tes cheveux dans mes mains me mordent le cou ». Ok, mec, tu joues dans la métaphore extrême mais je ne suis pas sûre que j’aime l’idée…C’est vraiment à ce moment-là, celui-là, soit dès qu’il a dit  »me mordent le cou » qu’un fou rire latent a envahi mon subconscient de façon magistrale….et que j’ai commencé à prendre des notes loufoques.  »L’hiver qui se mordait les yeux dans tes mains me ramène là où je suis né… » Hum hum…je ne comprends pas où tu veux en venir avec cette masturbation mentale, mec…C’est là que j’ai vraiment mesuré l’importance des paroles.

Entre les pièces, des applaudissements incertains se font sentir, ce qui ajoute à l’ambiance délurée qui règne depuis le début dans cette obscurité inquiétante. Entre deux accords, l’artiste commence à jouer Great Balls of fire….et ça ne  »fitte » tellement pas que c’en est gênant.  »Ça, c’était des claps de golf! » lance le pianiste, sentant très bien que les gens ne sont pas là pour lui. Irène est la seule à applaudir très fort, et à crier des hourras. Elle se tient à gauche de la scène, très très près du chanteur, et chante toutes les paroles. (quoi? elle connaît vraiment TOUTES LES PAROLES? DAMN!) Elle est si près de l’artiste qu’elle pourrait presque chanter dans son micro. J’ai arrêté de penser quand elle s’est mise à siffler. EEeeeee boy….Moi, je n’applaudis même pas. Désolée, mais je n’aime vraiment pas ça et je perds mon temps littéralement. J’attends impatiemment de voir Bad Uncle. C’est vraiment la seule et unique raison de ma présence en ces bas fonds.

Alexandre Farina termine sa prestation (ouf, enfin!) et Irène remonte sur scène pour recommencer son petit numéro de stand-up comique…pas drôle du tout. Malaisant comme moment. Avec un gros Lady Gaga en sourdine, en bonne  »germaine » française, elle s’occupe elle-même de faire la transition entre les deux parties: elle parle au technicien de son dans le micro, elle dit ses directives aux gens qui l’accompagne sur la scène, et elle fait tout cela sous le regard amusé des spectateurs….Est-ce qu’on est dans une école secondaire et on ne me l’a pas dit? KESSÉ ÇA CALISSE! (oups, désolée).

DEUXIÈME  »PREMIÈRE » PARTIE

Un jeune slammer anglophone, Clarity, monte alors sur scène (mmm, intéressant comme clivage: on passe de chanson française à slam anglophone…c’est vraiment un des contrastes des plus extrêmes qui est tombé dans mes oreilles). Il débute sa prestation et, honnêtement, c’est moins pire que ça en a l’air. Malheureusement pour lui, dans ses textes, il y a les phrases suivantes:  »Put your hands up, come on, put it up, put it up » ou  »clap your hands ». Personne ne réagit. On est tous là, cramponnés à nos chaises, en attendant que ça passe…et il le sait. Il a bien vu que c’était n’importe quoi depuis le début. Alors, il décide de s’amuser et à devenir baveux sur la scène. Il commence:  »When I say something you stay silent…Something, silent, something, silent ». Ou, un peu plus tard:  »How’s everybody doing? Ahh, me too, I feel like shit. »Bonne idée, mec, ça détend l’ambiance et c’est très drôle. Il saute partout sur la scène et il est très intense dans son flow. Il est sympathique et tout le reste, mais hum hum….Je ne suis pas venue le voir lui. Je crois qu’il n’est d’ailleurs même pas majeur encore….Que fait-il dans un bar?

Il n’y a aucune interaction avec le public. Le message ne passe pas. Encore une fois, Irène se tient debout devant la scène, les bras dans les airs, et crie comme une cinglée. La dame à côté de nous aussi, d’ailleurs…elle sont maintenant deux cinglées, les bras dans les airs, à crier des  »hurray ». Ce sont peut-être sa mère et sa tante…c’est la théorie la plus plausible selon moi.

La deuxième première partie se termine (enfin) et Irène remonte sur la scène pour nous faire son petit stand-up….encore. Cette fois, elle a son téléphone cellulaire à l’oreille:

 »Oui oui papa…oui oui papa, je ne peux pas te parler, je suis sur la scène… »(dit-elle dans le micro)

(Woooow, quelle mise en scène loufoque! Je suis encore sous le choc)

Et elle continue…

 »Vous savez, c’est difficile d’être un artiste. J’aimerais souligner le courage de ceux qui sont montés sur scène ce soir et…(blablablablablablablablablablabla) »

Bon. Peux-tu finir au plus sacrant, Irène, histoire que Bad Uncle arrive finalement et que tu nous sacres la paix?

 »J’ai une mauvaise nouvelle pour vous. Bad Uncle ne viendra pas. J’ai essayé de l’appeler toute la journée et il ne répond pas. Alors, je vais vous jouer des petites chansons pour clore le spectacle. »

Heu….QUOI? C’EST PAS VRAI! NNNNOOOOOONNNNNNN!

C’était tellement prévisible que nous n’avons rien vu venir….comme de vraies débutantes. Allez savoir où nous avions la tête à ce moment-là…

CONCLUSION

C’était tellement prévisible que je ne comprends même pas comment on est tombés dans le piège. Tout le monde le savait tellement depuis le début que c’était des balivernes que j’en ris encore…BLASPHÈME! Non seulement, on a perdu notre temps, mais c’était tellement désagréable comme moment qu’on a dû boire pour oublier ce qui venait tout juste de se passer.

J’abandonne désormais l’idée d’aller voir Bad Uncle et je suis traumatisée à vie.

Deuxième position…après Klaxon Gueule.

Enjoy, bande de fous!

Anecdote de groupie: j’ai décidé d’écrire directement à Bad Uncle, juste pour être sûre que personne n’utilise son nom à mauvais escient. Voici ce qu’ils m’ont répondu (Bad Uncle étant un GROUPE):

 »Yeah I know. This lady pissed me off. I agreed to do a solo show, and told her not to use the name Bad Uncle, because Bad Uncle is a band, not a solo show, then she went and put Bad Uncle on as the name anyway. Then, to make matters worse, some of the other bands dropped off the bill, and it started to seem like she was just using the name of Bad Uncle to get people there and essentially ta..ke advantage of us. Im sorry if you feel cheated by this, if you want, I can guest list you for our next show to make up for it! »

Dans tes dents, Irène (nom fictif)

Anecdote de groupie: Quand je sors dans un club, ça paraît vraiment trop que je suis prof d’aérobie parce que je n’arrête pas de faire du step-touch, des squats et des lunges….AHAHAHAH!

Entendu pendant le show: j’ai le goût de m’ouvrir les veines!

Commentaire inutile à m’envoyer (inspiré de la Clique du Plateau): moi j’aime ça la chanson française.

firefly

@caroisonfire sur twitter : Music addict \ blogueuse sur le Journal d'une groupie à temps plein et travaille à temps partiel. La vie est courte. Penses-y.   Firefly sur Zik'n'Blog : Pour connaître mes goût musicaux, on peut découvrir mon Défi musical 30 jours, 30 chansons Caroline Dubois sur Facebook: impertinence et musique à volonté. J'accepte les demandes d'amitié. Être humain sur la planète terre. J'accepte les invitations sur la lune.

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