Beat Assailant, la B.A. du rappeur américain qui a adopté la France

Beat Assailant, la B.A. du rappeur américain qui a adopté la France

Découverte du Nice Jazz Festival 2006, le rappeur américain Beat Assailant a choisi la France pour enregistrer son premier disque et lancer sa première tournée. Il nous raconte l’aventure.

Une heure avant de commencer à faire groover la scène Matisse, Beat Assailant dit B.A. – prononcez bi-hay – nous reçoit en compagnie de son producteur français Danny Wild. Dans un très bon français, il nous présente son hip hop éclectique et raffiné.

On commence par des présentations?
B.A.:
Beat Assailant, c’est moi. Je viens d’Atlanta. Je fais du rap, du hip hop. Depuis presque 4 ans, je travaille avec Danny Wild, mon producteur qui a monté son label Twin Fizz Records à Paris. On a fait notre premier disque ensemble, Hard Twelve, sorti en octobre dernier et cette année, on fait une première tournée en France et en Europe.

Est-ce que vous avez quitté Atlanta pour vous démarquer des autres rappeurs de cette ville?
B.A.:
En fait, je suis passé à Paris, j’ai trouvé Danny Wild et une belle équipe de musiciens. C’était pas prémédité. C’est juste un coup de chance. Mais c’est vrai que je fais un style de musique que je n’aurais jamais fait si j’étais resté à Atlanta. C’est beaucoup plus ouvert. J’aime le son actuel d’Atlanta mais ça n’est pas la musique que je fais.

Comment s’est passée la création de l’album?
Danny:
Le disque est un mélange entre les influences hip hop de B.A. et ce que j’avais moi comme terreau de musiciens jazz issus notamment du label Blue Note. B.A. écrit toutes les mélodies et les textes et on doit compter aussi deux musiciens qui font partie intégrante de la réalisation: le trompettiste que vous verrez ce soir avec nous, Thibault Renard, qui est à l’origine de tous les arrangements de cuivre et Nicolas Guéguen, aux claviers, qui nous aide sur la production et les compositions en studio.

« On est arrivé à une overdose de machines et DJ live en oubliant les musiciens »

Comment l’album se traduit-il sur scène?
B.A.:
On est 10 sur scène : il y a trois cuivres (trombone, trompette, saxophone), batterie, basse, Danny à la guitare, un clavier, deux chanteurs et moi qui fais du rap.
Danny: L’album est une partie seulement du concept qu’on avait en tête et dont l’aboutissement se traduisait réellement devant un public. Voir des gens derrière des platines pendant 4 heures faire des reprises, c’est pas la musique qu’on aime écouter ni faire. On est arrivé à une overdose de machines et DJ live en oubliant que l’essence même de ce qui est dans ces machines, elle est fournie par les musiciens qu’on est tous. Et comme sur l’album, il n’y aura aucune reprise. C’est peut-être pour ça qu’on ne passe pas sur NRJ! (rires)

Etre sur la scène du Nice Jazz Festival, ça signifie beaucoup pour vous?
B.A.:
Oui, c’est un honneur pour moi. Il y a peu de musiciens de hip hop qui ont eu la chance de jouer ici et j’ai hâte de jouer ce soir.
Danny: C’est un parcours extraordinaire pour nous parce que le passage du studio à la scène était un pari: mettre 12 personnes sur la route (en comptant les techniciens) alors qu’on n’est pas un groupe de majors, ça comprend beaucoup de risques. Mais le fait d’arriver ici nous renforce dans notre idée de départ. Et ce pari a pris assez vite car Radio Nova s’est engouffrée dans le projet et nous a permis d’ouvrir les Nuits Zébrées 3 fois chez eux.

Quelles sont vos influences?
B.A.:
Dans le rap, il y a des groupes comme Tribe Called Quest, De La Soul, EPMD mais aussi du funk, de l’électro. Danny, lui, aime des choses jazz comme Miles Davis ou Coltrane. Il n’y a pas de limites dans les styles que je suis prêt à faire. Ma musique est un mélange de tous les styles que j’aime mais ça reste hip hop quand même.
Danny: La force d’un tel projet, c’est d’avoir un leader pour le porter. On peut prendre les 10 meilleurs musiciens du monde et les réunir dans un studio, ça ne donnera pas forcément une musique qui parle. Là ce qui est intéressant, c’est qu’on est 9 derrière lui et qu’on joue tous dans le même sens. Le projet est encore jeune mais on a déjà fait 35 dates, plein de festivals dont Jazz à Vienne.

« La politique divise souvent les gens alors que la musique doit rassembler »

Un des titres de l’album évoque les problèmes de violence urbaine aux Etats-Unis. Avez-vous un message politique?
B.A.:
J’ai un ou deux morceaux où je parle politique mais je ne suis pas un rappeur vénère. Je parle de ma vie et des choses qui se passent autour de moi et la politique n’est qu’une partie de ça. Moi je suis un mec cool, je suis pour la paix, le respect des gens. Quand les gens sont maltraités, j’ai des choses à dire. C’est vrai que je ne suis pas trop d’accord avec mon gouvernement actuel mais c’est tout.
Danny: On a peut-être parfois trop tendance à aller interroger les artistes sur leurs opinions mais l’essentiel c’est ce que la musique apporte de positif.
B.A.: Pour moi, la politique, la plupart du temps, c’est quelque chose qui divise les gens alors que la musique doit rassembler. Sur le disque, par exemple, les styles se mélangent et sur scène, on vient de différents pays, avec des origines différentes.
Danny: Le bassiste est franco-africain, les claviers, batteur, section cuivre sont français, la choriste Janice est anglo-française et le choriste est d’Atlanta. Quant à moi je suis natif des Etats-Unis mais je suis français!

A ce propos B.A., comment avez-vous appris à parler français?
B.A.:
J’ai appris à Paris. Je parle avec mes amis, avec les membres du groupe.
Danny: Dans le groupe, on hallucine tous parce qu’il ne parlait pas un mot de français quand il est arrivé il y a 4 ans!
B.A.: Dans un sens, c’est grâce à Danny parce qu’on a passé des heures en studio ensemble.
Danny: Et maintenant je déchire en slang d’Atlanta! (rires) Mais finalement, on parle par notes, c’est plus simple.

Quels sont vos projets?
Danny:
A la fin de l’année, on aura fait 50 dates ce qui est super pour la première année d’existence du live. On prépare aussi un nouvel album. En fait, les choses ont pris beaucoup de temps pour Hard Twelve: entre le moment où l’album a été fini, où on a signé avec Wagram et le moment où il est sorti, il y a eu deux ans de décalage. Aujourd’hui, on veut rattraper ce retard pour le public et rendre sur disque ce qu’on a donné depuis un an et demi sur scène. Ce soir, vous entendrez donc de nouveaux morceaux.

Merci à vous deux et bon concert!

Beat Assailant, site officiel
Twin Fizz, le label

Eric_M

En amateur de musique, Eric Maïolino est auteur-compositeur-interprète, joue de la guitare, pratique le théâtre et assiste à des concerts! (toutes ses chroniques ici)

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