Interview de Perrine Sauviat/Take Care Promo

Interview de Perrine Sauviat/Take Care Promo

Ce nom ne vous dira peut-être rien. Perrine est une poétesse, une âme sensible, authentique, pour qui la culture et la musique en particulier possède encore un sens. Perrine Sauviat a créé Take Care Promo une agence de promotion qui gère des groupes autoproduits comme Pamela Hute, Jordan, Saycet, Les Chicros, Moon Pallas et Gachette of the Mastiff. Loin des concessions, du pouvoir de l’argent facile, Perrine a créé son agence, animée par une passion et une sensibilité touchante. Je suis donc fier de vous la présenter au travers de l’interview ci-dessous où elle nous présente son parcours, et son agence comme un outil humain de promotion culturelle, et montrant assurément un visage humain à la production musicale.

Pamela Hute, Jordan,…….. Est-ce toi qui va vers ces groupes, ou est-ce que c’est eux qui viennent à toi ? Ah mais ça dépend, j’ai vraiment une histoire différente avec chacun : le choix des artistes se fait naturellement, ce sont des groupes que j’ai rencontrés au fur et à mesure de mon parcours au 9B, à mains d’œuvres et des connections entre musiciens. Les Chicros je les connais depuis leur premier EP. Pamela Hute j’ai programmé un de ses tous premiers concerts à une alternative, Jordan à travers une première partie qu’ils ont fait à mdo, et puis des musiciens en commun, d’un projet à l’autre. Une fois que je suis amenée à découvrir un projet ou qu’on me propose un groupe, eh bien c’est tout simple. Ca me parle ou pas. J’ai monté Take care pour ne pas avoir à m’occuper de projets qui ne me tentent pas. Je vis par la musique tout le temps, tout le temps, tout le temps, je pourrais faire un autre boulot mais je pourrais pas vivre sans mélodies dans mon quotidien. Donc je me suis dit, la seule manière que tu puisses être heureuse en bossant dans la musique, c’est si tu ne t’occupes exclusivement que de mélodies qui te parlent. Donc la sélection est simple et purement subjective. Si j’aime, je promeus. Même un projet très bien foutu, avec un bon potentiel, une actu, des capacités et des surprises à offrir, si ça me touche pas au bide, alors je peux pas m’en occuper. Ce n’est pas qu’une éthique, c’est plus un instinct.

Quels sont tes gouts musicaux ? Houlà ! C’te question ! A la base, ma culture musicale première c’est la funk, la soul, le jazz, le hip hop, c’est ce que j’ai écouté toute mon adolescence. Puis j’ai écouté de la musique électronique et à travers l’électro, et surtout la vague éléctro rock depuis 6/7 ans, mon oreille a commencé à se familiariser avec des sonorités rock auxquelles j’ai été complètement hermétique pendant longtemps. Et puis j’ai eu une vraie histoire d’amour. Qui écoutait que du rock. Donc forcément… et voila je me suis plongée là-dedans, j’ai découvert que j’avais besoin qu’on me raconte des histoires que le hip hop ne me donnait plus et voilà, Fab avec qui je bossais à mains d’œuvres, avait une sensibilité pop électro expérimental indie rock qui m’a fait développée ma boulimie de manière plus quotidienne, et plus actuelle, puisque liée a la scène qui vit en ce moment. Franchement j’écoute de la pop, du post rock, de la folk, du jazz, de l’électro, de la funk, de la soul, du hip hop, de l’electronica, de l’antifolk, et pas mal de trucs dont je suis bien contente de savoir que j’aime plutôt que de savoir a quel courant ça appartient !

Qu’est ce que tu apportes aux groupes ? La visibilité qu’ils méritent à mon sens. Après, ce que je fais pour eux dépend vraiment de leurs ambitions, envies, moyens, expériences, tout. J’imagine pas reproduire pour tous le même schéma. Take Care est aussi né en réaction aux grandes boîtes de promo qui font de la comm’ de masse, dont le personnel de stages tourne tout le temps, qui ne connaissent ni les projets qu’ils défendent, ni les gens à qui ils s’adressent. Même si c’est dur dans le contexte actuel, y’a une sorte de volonté antispam dans Take Care. Faire de la promotion à taille humaine. Pour l’humain dans l’artiste, et pour l’humain dans le public / journaliste etc… je fais du sur mesure. Parfois du web, de la radio, de la presse, parfois tout, et aussi du conseil qui tire parfois plus vers le management. Ma tâche a pas la même ampleur et le même impact pour chacun.

Les Chicros, c’est un groupe que je suis depuis son premier EP. Ils faisaient partie du cercle du 9B quand j’y étais, et quand j’ai monté Take care. C’était en pensant à ce genre de projets. Alors je suis super heureuse de bosser avec eux aujourd’hui. Ils ont un répertoire super riche, de la pop, de l’indie rock, du folk, de la bossa même parfois, c’est frais, mélodieux, joli, touchant. Je suis amoureuse de leur musique. Là ils sortent en juin un 45 T What’s New Today On TV ? Single de leur prochain album RadioTransmission à sortir en octobre. Dans certains vynils il y a un ticket d’or qui donne droit à un concert dans ton chez toi !

Jordan, c’est un groupe que j’ai rencontré à Mains d’œuvres, ils avaient fait une première partie plus que convaincante, alors je leur avais demandé de venir au 9B pour un concert. Ils ont tellement fait peur à l’ingé son pendant les balances avec leur fougue qu’il a menacé d’annuler le concert ! Finalement ils ont joué quinze minutes pendant lesquelles personne n’a rien compris. C’est un projet fou, avec des gens sincères et simples qui veulent juste faire ce qui leur plaît sans concession. Ils sont débrouillards, DIY, ils tentent beaucoup de choses au culot ce qui leur a permis d’être produit par des producteurs de folie (Bilerman –Arcade Fire, GodSpeed You- et Pellicci – Erase Errata, Deerhoof). Ils sortent leur premier album Oh No ! We Are Dominos ! Le 5 juin et c’est un concentré de rock oscillant entre post punk et pop et j’suis assez fière de défendre des projets ambitieux et fous comme ça.

Pamela Hute je les suis aussi depuis leur début, je les avais découvert sur le net et les avait booké au 9B. Quand j’ai monté Take care je les avais en tête dès le début aussi. Alors quand je leur en ai parlé, ça a collé de suite parce qu’on avait chacun de l’estime pour les autres et ils étaient aussi en phase de réflexion sur la suite du groupe, en train de mettre en place leur étape suivante. Ca a été donc le bon timing pour les accompagner dans leur nouvelle formation, nouvelle identité visuelle, nouvel EP. Ils font une musique qui me parle vraiment. Leurs titres ont habité mon quotidien, les moments où tu te sens puissante, ceux où tu te sens minable. Alors pouvoir participer au développement de leur projet, c’est un truc super bandant.

Gachette c’est internet aussi. Internet et l’amour. Une rencontre avec quelqu’un qui a bouleversé ma vie. Qui m’envoie un titre. Un titre qui me transperce. Frissonne dans mes artères. Un truc de malade. C’était Shivers. J’ai écouté d’autres titres. Des bombes d’électro hors norme décomplexées et pop, un truc fou, j’ai dit banco.

SayCet c’est le dernier arrivé mais c’est un projet qui me tient tellement à cœur que ca me donne confiance en l’avenir de Take care et de mon plaisir à faire mon métier. SayCet fait partie des projets que j’ai découverts après qu’on me les a proposés. Non pas des projets initiaux qui m’ont aussi aidée à forger l’identité de Take Care et ce que je voulais y défendre. C’est un projet dont je suis tombée amoureuse en le découvrant. Et je l’ai découvert parce qu’on me l’a proposée. Et c’est ce qui me donne confiance, parce que quand on monte sa boîte, on a des projets en tête, mais après ? Est-ce qu’on va pouvoir se renouveler ? Faire tourner l’affaire sans faire de concessions artistiques ? SayCet c’est pour moi le moment où je me suis dit, ok, c’est parti comme tu voulais, et ça va continuer peut être même mieux que tu espérais si tu peux t’occuper de projets comme ca.

Pamela Hute est l’une des belles révélations, plébiscitées, notamment sur radio Néo, est-ce que ça te motive encore plus ? Est-ce qu’à ce moment là, tu te dis, j’ai bien fait mon boulot ? Bien sûr que ça motive encore plus quand tu sens que les gens se réunissent autour d’un projet, qu’il y a des gens qui se font le relais de ce qui tu portes et qui aident à les promouvoir à travers leur émissions de radios, leur webzine, leur magazine, leur blog, peu importe la taille ou la portée, c’est galvanisant parce que tu sens l’énergie se multiplier. A ce moment-là, oui il y a un moment de satisfaction parce que tu as un résultat tangible de l’énergie que tu fournis, tu peux voir les regards des gens avec qui tu travaillent s’illuminer, tu peux sentir que ce que tu fais a un sens. Mais je me dis pas que j’ai bien fait mon boulot vraiment, je me dis plutôt que j’ai vraiment le boulot qui me fait du bien !

Sais tu si Pamela Hute a un album en prévision suite au single Three ?Ah Ah OUI !!! Pamela Hute est au moment où j’écris en train d’enregistrer son premier album, dans une grande maison perdue à la campagne. Une maison où Pam, la chanteuse a pas mal vécu sa musique et donc connaît les échos, les ambiances de chaque pièce. Ils ont donc décidé plutôt que de louer un studio sans lien particulier avec eux, de créer ce studio à leur image, avec tout le matos qu’il faut pour faire une belle production, mais avec une touche qui leur ressemble. Il sera fini de mettre en boite, masterisé, mixé d’ici la fin de l’été, et on espère qu’il sortira pour la fin de l’année.

Take care promo, Manageuse, c’est vraiment ton boulot ? Je suis pas manageuse. C’est bizarre, parce qu’on croit souvent que c’est ce que je fais parce qu’un manager fait effectivement ce que je fais, la promotion de son artiste mais l’inverse n’est pas vrai. C’est un statut, une nature de relation que je ne veux délibérément pas avoir avec un groupe. J’ai pas envie d’être la personne qui leur dit quoi bouffer au p’tit dej, et les appeler pour vérifier s’ils ont mis leur réveil pour leur tournée, les diriger dans une carrière, un chemin qui me semblerait bon à moi. Il y a un rapport trop fusionnel entre le manager et les musiciens qui ne me convient pas parce qu’alors les intérêts du manager et du groupe sont liés, il n’y a plus le recul nécessaire à mon sens, pour pouvoir vraiment mettre les meilleurs moyens en œuvre. Et puis je supporte pas l’assistanat, je ne prends soin que de groupes qui prennent soin d’eux. Je ne travaille pas pour, mais avec. Donc je suis pas manageuse même si parfois, forcément, avec le temps, le travail, je finis par donner mon avis sur telles ou telles choses, que ça touche l’artwork, la sélection de titres, ou quoique ce soit. Mais ça reste alors du conseil, les groupes sont libres de prendre le chemin qu’ils veulent, moi je les accompagne juste. Et de savoir si c’est vraiment mon boulot, ça dépend ce que tu veux dire par là. Si tu veux dire que c’est mon activité principale alors oui. J’ai monté Take care non pas comme un échappatoire à côté d’un autre taf, une activité alternative, j’ai monté Take care pour que mon vrai métier soit celui dont j’ai rêvé pour moi. Alors dans ce cas là oui, c’est mon vrai boulot, c’est à ça que je me consacre complètement. Si tu parles d’expériences, je te dirais oui et non, tu verras toi-même selon mon parcours. Je reste foncièrement une autodidacte.

Pourquoi Take care promo ? Tu parles du nom ? Si c’est le nom, c’est simple. Par ce que me ressemble et parce que c’est ce que je fais. Prendre soin. Comme je te disais, l’aspect humain est super important pour moi, donc quand il a fallu formuler ce que je faisais, c’est ce qui est venu naturellement. C’est quelqu’un de très proche de moi qui a trouvé le nom. Parce que ça me ressemble (je passe mon temps à dire aux gens de prendre soin d’eux, je finis tous mes mails et coups de fils par Take care, c’est mon obsession ^^) et puis c’était un clin d’œil à un morceau que j’aime.

– Comment as-tu créé ce projet? Qu’est ce qui t’a poussé à faire ça, et qu’est-ce qui te motive aujourd’hui ? Pour comprendre, faut que je revienne un peu en arrière. A la base j’ai commencé par faire de l’histoire de l’art à l’école du Louvre, mais le bachotage et l’apprentissage théorique exhaustif m’ont appris que j’étais heureuse que dans l’action, la création, le développement. J’aime le passé, pas le passif. Donc j’ai lâché l’école et j’ai commencé à être la programmatrice concert du 9 billards, bar de Belleville, sous la direction artistique de Guido Minisky (GoldRush / Antijour) qui m’a permis de tâter du terrain avec une grande liberté et une grande confiance en mes goûts et mes capacités. J’y avais aussi une mensuelle « Alternative Music Just Is » où je programmais un ou deux concerts et je mixais exclusivement des démos, des autoprods, des micro-signatures, des maquettes, et je dévoilais la playlist en temps réel sur un grand papier kraft derrière le djset. Parce que la musique ça se partage, parce qu’il ne peut pas y avoir d’instinct de possession chez un dj ou plutôt un mélomane, et puis parce que les petits sons frais et nouveaux ça à besoin de plus de lumières. Bref j’ai fait la prog concerts six mois et puis je suis partie pour Mains d’œuvres où j’ai été la chargée de production des concerts pendant une saison avec Fabrice Martin comme programmateur. Après Mains d’œuvres je suis partie trois mois à Montréal pour murir un projet qui m’était propre. Les deux ans passés à apprendre sur le tas m’ont aussi appris ce que je ne voulais pas faire. J’étais arrivée à un moment où je voulais du concret, du solide, je matais un peu le genre de boulot qu’il y avait dans la musique, l’évènementiel, la comm’, et puisqu’il s’agissait maintenant de me trouver un vrai boulot après la phase d’apprentissage, « le vrai boulot de quand tu deviens grand » ben je me voyais pas m’enfermer dans un truc cool mais pas top. Pas moi. Alors j’ai décidé de monter mon truc. Je suis donc partie à Montréal pour penser tout ça au calme. J’avais trop de trucs en tête, monter un label ? Faire du journalisme freelance (j’ai été chroniqueuse expo / musique pour un fanzine de filles un moment, pour antijour aussi) ? du management ? du booking ? de l’évènementiel ? Je suis partie respirer un coup avec l’idée ferme de me forger un projet. Et puis j’ai juste passé un des plus bel été de ma vie, rencontrer des gens fous, je me suis sentie vivre fort et j’ai réalisé que j’étais libre. Le vrai libre. Libre d’être qui je voulais. J’étais devenue une sorte de truc multitâches qui peut potentiellement tout faire. Et j’ai vécu. Et puis quand la date du retour s’est rapprochée, Take care est juste arrivé tout seul dans ma tête. Parce que c’est encore ce que j’avais fait tout l’été avec les personnes que j’avais rencontrées. Ce que j’aime et là où je me sens forte, c’est partager les choses fragiles qui me touchent. Tout ce que j’avais spontanément fait jusqu’à présent, c’était promouvoir la musique et la diffuser, que ça soit en la chroniquant, la mixant, l’organisant, la mettant en avant. Ce qui me motive aujourd’hui c’est toujours la même chose. « Putain mais c’est fou ce truc, faut que je le fasse écouter » c’est la même envie soudaine et irrépressible que d’autres gens puissent ressentir ce que toi tu as ressenti par telle ou telle musique. Enfin pas la même chose, mais en tout cas, participer à ce truc fou qui fait qu’un artiste peut parler à un individu comme s’il était l’être le plus familier.

Te considères-tu comme une fanatique de musique ? Ca dépend, tu veux dire quoi par fanatique ? Si tu penses a l’addiction alors clairement oui, je suis complètement accro a la musique, je pourrais pas vivre une journée sans, c’est mon pacemaker à moi, le truc qui fait vivre quoi. Si tu penses au côté fan / érudit alors ben pas vraiment. Je suis pleine de lacunes. D’énormes blancs dans ma culture musicale, que ce soit sur un style en particulier, ou dans un style particulier, son histoire et son actualité. Comme je fonctionne qu’au sentiment, ma culture ne se fait qu’au fur et à mesure de mes expériences. Quand je découvre un groupe, un mouvement, je me laisse plus porter, je suis curieuse, j’engouffre vite, boulimique, mais pas de manière exhaustive. Ca aussi ça reste de l’école du Louvre. J’en ai refusé l’aspect catalogue, apprentissage extensif et intensif, cette sorte de connaissance à la fois globale et tellement spécialisée qu’un savoir chasse l’autre, qu’on sait mais qu’on ne sent plus. Donc parfois je rougis quand on me dit « mais tu sais le premier album de machin » comme si c’était évident puisque je bosse dans la musique donc j’ai rouillé le terrain, mais non, j’aime avoir encore d’autres choses à découvrir. Naturellement. Sinon ça sert à rien. Enfin comment dire ? Tu vois souvent je pille les disques durs d’amis à moi, je repars avec 30 albums et je suis contente. Mais ils peuvent rester des années dans mon mp3 avant que je les vive. Par exemple Herman Dune, j’avais piqué toute la discographie à mon meilleur pote. Et puis j’avais écouté mais vite fait et c’était resté là à traîner. Et puis à Mains d’œuvres (comme le groupe a été en résidence là-bas longtemps) l’équipe écoutait souvent, et du coup, ça a empli mon quotidien, teinté ma vie. Alors je pourrais me dire que mince, si j’avais écouté plus tôt, appris plus tôt, j’aurais pu écouter si, savoir ça, aller à tel ou tel concert, mais en même temps. Pour moi, la musique ça se vit, ça s’apprend pas. C’est le truc qui restera pour moi inviolable.

Ecoutes-tu d’autres groupes que ceux que tu manages. Et surtout est-ce-que tu en as le temps ? Ah mais merci mon dieu oui !! J’en ai autant de temps que de temps éveillé. J’écoute sous ma douche, en scoot, en bossant, au parc, avec mes potes, en lisant, et puis… tu sais… enfin voila quoi, tout le temps. Tout le temps, t’es pas fou ??? Je pourrais pas ne pas écouter de musique, et je ne pourrais pas m’enfermer dans ma bulle Take care. Ca va à l’inverse de ma démarche. Puisque je veux partager ce que la musique me fait ressentir, pourquoi j’arrêterais de vouloir découvrir plus de nouvelles sensations créées par de nouveaux groupes ?

Tu vas beaucoup en concerts ? Ben par la force des choses oui, puisque j’en ai programmé, produit pas mal, mais avant ça pas forcément. Je suis plutôt une casanière. Enfin j’étais. Aujourd’hui, forcément, la tentation est plus grande, le nez dedans, je suis plus au courant des évènements, et puis j’ai pas mal de gens autour de moi qui organisent des jolies choses alors on se fait plus facilement tenter mais je laisse beaucoup beaucoup de choses me passer à côté. Des fois je me le reproche et puis ensuite, c’est comme tout, je me dis que c’est que c’était pas le moment. On force pas certains trucs.

Quels sont les groupes ou artistes qui t’auraient particulièrement marqué, en concert ? Déjà tous les artistes Take Care. Pour moi le concert c’est primordial, c’est un moment, une expérience, un truc qui te prend aux tripes, Une autre manière de ressentir la musique. Donc en général, ils m’ont pas mal conqui en concert tous. Enfin non. Conquise à l’écoute, convaincu au concert. Sinon dernièrement : South Central. C’est à la base un duo électro qui a pris le parti (et pour moi la bonne décision !) de ne pas se limiter techniquement au set live laptop machines et à former un vrai groupe. Guitares, basse, batterie, syntheguitare et machines, et voix bien sûr. Et ça donne une ampleur folle. Je les ai programmés pour Mal Au Pixel, on a pas eu ce soir la le monde espéré, mais ils ont réussi à faire de cinquante personnes une foule débridée. C’était complètement fou, un son ample, plein qui met à l’amende certaines prods électro grasses et lourdes (dont je suis par ailleurs friande..) mais en donnant du corps à tout ça.

Herman Dune. Je ne les ai pas vus ensembles. Mais David Yvar Herman Dune en concert solo. C’était un concert en appartement organisé par Le Club Bizarre, on était 40 mais cette fois par la force des choses. Le meilleur moyen de voir quelque chose était encore de se glisser sur le balcon alors j’ai écouté le concert par la fenêtre depuis l’extérieur et la nuit qui se couche sur l’enseigne lumineuse Tati. Un vrai moment de bien.

Peux-tu nous expliquer à quoi ressemble une journée de Perrine, la patronne de Take Care ? Aucune n’a vraiment la même tête, tout dépend sur quoi je travaille, mais globalement, je cours entre mon écran (mes mails c’est le squelette de mon boulot, mon lien avec mes poulains, la presse, la radio, le web, tout), mes rendez-vous (musiciens, labels, journalistes, graphistes, webmaster, mon atelier cds-enveloppes-stickers pour mes envois promos, ma poste (et ma carte pro coupe file chérie qui me fait griller la queue), mon téléphone (même si je dois être une des attachées de presse qui aiment le moins ce truc). Je me balade entres les urgences, actualités à gérer et le travail de fond.

Quels sont les projets à venir ?Ah ah. Faut s’inscrire à la newsletter Take care, faire un tour souvent sur le site et devenir un pote myspace ! Kid Francescoli, je vais surement bosser sur la promo de son prochain album, qui devrait sortir à la rentrée 08 mais il est encore en pleine compo donc ça sera surement plus pour 2009 et du coup c’est un peu précipité que d’en parler. Ca dépend aussi du label puisque c’est lui qui prend en charge la promo en général, donc je bosserais potentiellement avec Odran Trummel, Toboggan par exemple, avec qui je suis déjà en contact étroit, mais tant qu’ils ne savent pas chez qui ils vont signer, ça reste difficile a dire ( tout n’est pas toujours prévisible). Par contre, on peut dire que pour l’année à venir, je vais sûrement établir des partenariats avec des gens que j’aime et qui travaillent bien, que ce soit en booking, l’évènementiel, la promotion, pour pouvoir offrir un accompagnement plus complet selon les projets. Cette année j’ai par exemple bossé avec des graphistes pour Take Care qui ont fini par apporter leur service aux groupes eux-mêmes. Comme Mr Brun, un des graphistes de Take Care qui offre maintenant ses services à Pamela Hute et qui a réalisé l’ensemble de leur nouvelle identité visuelle : logo, myspace, merchandising, presskit etc… A l’avenir j’aimerais pouvoir apporter ces trucs en plus en m’entourant de gens amoureux, chacun dans sa spécialité.

Es-tu limité dans la quantité de groupes à gérer ? Je ne suis limitée que par ma capacité de travail. Donc forcément oui puisque je bosse seule et que je suis pas superwoman ! Mais c’est moi qui définit, comme je te disais, je ne fais pas le même boulot pour chaque groupe, ça ne me prend pas le même temps, donc c’est à moi de voir dans quelle mesure je peux prendre un projet sous mon aile pour que je puisse être à même de le promouvoir comme il le mériterai et d’une manière / ampleur / qualité qui me satisfait suivant ce sur quoi je bosse déjà. Je jongle avec les plannings pour pouvoir effectivement faire le maximum sans que ça soit au détriment d’autre chose.

Pour en savoir encore plus : http://www.mainsdoeuvres.org/

Guigui

Ex directeur d'antenne adjoint sur NOIZY RADIO et animateur de l'émission CONTRE CULTURE.

5 commentaires sur “Interview de Perrine Sauviat/Take Care Promo

  1. A deux jours de son anniversaire, c’est un beau cadeau que de publier cette interview.
    Elle a tout dit et d’un mot juste comme elle sait si bien le faire.
    Sa musique est à l’image de sa vie, un petit chef d’oeuvre.
    Allez Take Care

  2. Ma première question est la suivante : c’est quoi 9B ?

    Ensuite, cette interview me fait découvrir une Perrine qui a du cran !!! Elle fait ce qu’elle aime sans tabou dans un domaine que je ne pensais pas « vivable ». J’ai comme l’impression que je lui ressemble un peu (on semble aimer la musique de la même manière et quand j’aime un artiste, j’aimerai pouvoir l’aider du mieux que je peux mais là où je suis différente de Perrine, c’est que comme je suis boulimique d’artistes, je ne suis pas capable de me concentrer sur un nombre raisonnable du coup, c’est comme si je ne faisais rien) et qu’elle pourrait être la personne que je choisirai comme mentor si je voulais aller plus loin. Comme elle, je suis partie à Montréal mais j’y suis restée ! J’ai monté ma compagnie (c’est bien plus facile en Amerique) mais je n’en vie pas… Bref, merci pour cette découverte.

  3. C’est vrai que j’aurai dû préciser.
    Le 9 Billards (9b) est un bar a belleville qui accueillait des soirees DJ tous les soirs de la semaine et des concerts 3 fois par semaine + des propositions variées comme projections de courts métrages, soirée tango, litterature etc..
    Pérrine y a assuré la programmation des concerts pendant 6 mois.
    C’est un bar qui a fermé en faisant le malheur de beaucoup, puisque c’était un veritable rendez-vous où se melaient tous les publics. Pérrine précise d’ailleurs que :
    « Tout le monde s’y retrouvait avec l’assurance d’écouter de la bonne musique dans un cadre sans prétention.
    Le bar accueillait autour de 120 personnes mais on a reussi à le blinder à bien plus que ca, parce que les gens étaient près a se serrer pour une bonne soirée ! »
    C’est vrai qu’il y a un truc entre Caroline et Pérrine.
    Ca s’appelle tout simplement : « la passion ».

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