Un bruit qui court

un_bruit_qui_court_-_un_jour_sans_-_face_boitier.jpgUn jour sans Un bruit qui court ne peut être un bon jour à partir du moment où il a traversé nos tympans. Pourquoi devrions-nous nous priver d’un bien bel accompagnement au quotidien, plutôt que de s’ennuyer en silence, ou de mal s’accompagner ? Voilà un groupe autoproduit au drôle de nom : « Un bruit qui court » et leur premier album, intitulé : « Un jour sans ». Vous l’aurez compris, j’ai été transpercé par Un bruit qui court, et je crois bien que l’ouverture restera ouverte pour toujours.

Fondé en 2003, et après de nombreux concerts, ils ont décidé de se lancer dans la création d’un premier opus composé de 12 chansons aux textes superbes et sur des thèmes variés, se partageant entre mélancolie et humour : « Un jour de refus d’la misère, on s’transfome tous en Abbé Pierre, chacun y va d’ sa p’tite misère pour sauver les gens qui frissonnent. Pourtant l’hiver arrivé, on prend bien soin d’éviter, sans même donner un sourire, les sans toits qu’on voit frémir. » « Tu sais, la vie n’est pas toujours si désespérante, il y a les joies, les sourires et le bon temps passé, qui nous donnent envie de rester… Et dis-toi qu’à chaque hiver succède le printemps, et que d’immenses bonheurs chassent les tourments. » « Y’a Travolta qu’est sur la piste, moi j’laisse faire les spécialistes, de tout’façon j’sais pas danser, à part l’keupon des Béruriers, d’un r’gard en coin, il vérifie que des pisseuses aient l’oeil sur lui, admirant le déhanché de ce guignol invertébré. »

La musique est traditionnelle : batterie, percussion, contrebasse, piano, claviers, guitares, kazoo, accordéon, et pleine d’énergie. On peut d’ailleurs lire sur leur myspace : Chanson française/Acoustique/Alternative. Je ne vous cacherai pas que pour moi, cet album n’a que du bon : textes percutants, mélodies attachantes, voix superbes et enivrantes, surtout Jenny, pardon Laurent, mais je suis un homme.

Cela fait bien longtemps qu’un album de chanson française ne m’avait pas touché. La Rue Kétanou représentait, il y a quelques temps, le meilleur exemple d’une chanson française de qualité grâce aussi à ses textes et à sa musique aux mélodies entraînantes. Aujourd’hui, Un bruit qui court s’inscrit dans cette même lignée et souhaite garder son indépendance.

Alors ne tardez plus, pour vous chatouiller les tympans et l’esprit, découvrez-les sur : leur MySpace et lisez l’interview ci-dessous avec Laurent :

Pouvez vous nous faire un petit historique du groupe, de ses membres, pour savoir notamment comment est né le groupe ?

En fait, on est presque tous originaires du même coin dans le nord de l’Aveyron. Jeff, Jenny, Laurent et Nico (le premier accordéoniste du groupe) ont commencé à jouer ensemble dans un groupe où ils faisaient des reprises de pleins de trucs différents. Laurent a commencé à apporter quelques compos et « Un Bruit Qui Court » est né à l’automne 2003 avec les premiers concerts au printemps 2004. On croisait souvent les Sortie de Route, un groupe du coin aussi, au sein duquel joue Roméo. Il a bien accroché et nous a rejoint l’hiver 2004 en apportant son expérience et sa rigueur. Titi, on le connaissait depuis longtemps. Il avait pas mal bourlingué et revenait dans le coin. Il a la musique dans le sang et de l’or dans les doigts depuis toujours et il a intégré la formation comme s’il avait toujours été là, sans même qu’on puisse dire exactement quand, ni comment. Jaco, lui, jouait avec La Compagnie du P’tit Vélo, une troupe qui mélange musique, arts du cirque et théâtre de rue avec laquelle on a partagé quelques scènes et dans laquelle Laurent a aussi joué entre 2006 et 2007. Une super rencontre, tant humaine que musicale. Après quelques participations improvisées lors de quelques concerts, il s’est installé tout naturellement l’été 2006 comme le maître du rythme du groupe. Nico, quant à lui, pris par ailleurs dans diverses formations, qui ne lui laissaient pas tout le temps que demande un groupe comme le notre, a pris du recul à l’été 2007, tout en restant notre pote. Voilà pour l’historique qui nous a mené à la formation actuelle.

Sur votre myspace, vous ne parlez pas de vos influences. Je suppose que des groupes comme La rue ketanou, vous ont influencé. Quels sont donc vos influences musicales ?

La Rue Ketanou, on adore, tant pour la musique que pour l’esprit (on a eu la chance de les croiser, c’est vraiment des gars en or, abordables et pas prétentieux pour deux sous. C’est pas forcément toujours le cas …). Sinon, les influences sont assez variées, chacun de nous ayant un univers musical différent mais compatible. On se retrouve autour d’illustres anciens comme Brassens, bien sûr, pour la poésie des textes et la qualité des mélodies, Django et son swing exceptionnel, Boris Vian, le Renaud de la grande époque … et puis plein d’artistes plus récents comme la Tordue, les Têtes Raides, Noir Désir, les VRP … Nos potes de Sortie de Route nous ont aussi influencés et motivés, c’est en les voyant eux prendre du plaisir et en donner aux gens qu’on a vraiment eu envie de faire quelque chose qui tienne la route (sans mauvais jeu de mots !).

Il doit y avoir du punk aussi, puisque vous préférez le pogo des bérus à la dance, n’est-ce pas ?

Bien sûr, on allait y venir. Les Bérus, c’était gigantesque, cette énergie, cette rage, cet engagement. Ils ne se sont pas contentés d’aboyer, ils ont agi. Le mouvement « alternatif » en France, c’est eux qui l’ont lancé depuis les squatts parisiens et lui ont donné un sens en créant quelque chose d’énorme en dehors de l’offre prédigérée des majors et des grosses pointures de la FM.

Comment s’est passée l’élaboration de cet album, qui fait quoi ?

Beaucoup de gens nous demandaient si on avait un CD à la fin des concerts, alors … Et puis on a rencontré Seb, l’ingé-son du studio « Pourriture noble et en suspension » qui a réalisé l’album, lors d’une formation de l’association Clair & Net, où il animait des modules sur la MAO et l’enregistrement. Un type formidable qui s’est vachement impliqué sur l’album et nous a guidé, la plupart d’entre nous n’ayant jusque là aucune expérience en studio. On a choisi dans le répertoire qu’on jouait en concert douze chansons pour l’album et on a bossé des arrangements différents de ceux de la scène pendant les deux mois précédant l’enregistrement. D’autres idées sont venues pendant la séance studio. On a essayé plein de choses, on a empilé des prises et bu des canons pendant deux semaines et après on a passé presque autant de temps a faire du tri là-dedans. Après ça, une bonne semaine de mix où Seb a fait un super boulot en essayant de mettre les textes en avant … On est plutôt content du résultat, vivement le deuxième !

Et surtout comment on écrit des textes aussi bons et comment on sort des mélodies aussi attachantes ?

Euh ? En fait, on écoute Lorie et on fait exactement l’inverse.

Qu’attendez-vous de ce premier album ?

L’Argent, La Gloire et Le Pouvoir ! (et puis aussi des filles pour Roméo !) à part ça, rien de particulier.

C’est pas trop frustrant de faire de la qualité, pendant que les masses médiatiques plébiscitent la facilité ?
Merci pour le compliment ! En fait, on fait ce qu’on peut et ce qu’on sent, tant mieux si c’est de qualité. Quant aux masses médiatiques, quand on voit le président qu’elles ont choisi …

(Question pour Laurent le chanteur) on vous a déjà dit que vous aviez des intonations de Florent Pagny, ou plutôt Florent Pagny a des intonations de vous ?

Et oh ! J’ t’ai pas insulté ! Sinon j’ai prévu d’enregistrer un album de reprises de Florent Pagny pour venger Jacques Brel et le Trésor Public. Ca s’appellera « J’ai ma liberté de penser … mais pas l’équipement nécessaire ».

Jenny, quelle voix ! Le mélange des deux voix, c’est une merveille. C’était dès le départ du groupe qu’il y a eu cette idée de mélanger deux voix ?

Ben oui. En fait, comme on a attaqué ensemble, on a mélangé ce que chacun pouvait faire, sans y réfléchir vraiment. Tant mieux si ça marche !

Où peut-on vous voir en concert ? Une tournée française c’est possible ?

Toutes nos dates sont sur www.myspace.com/unbruitquicourt. Jusqu’ici, sans véritable démarchage, on joue essentiellement dans la région Midi-Pyrénées et aux alentours en bénéficiant du bouche à oreille. Mais on a envie et on va essayer de s’expatrier un peu maintenant. Une tournée française, avec plaisir (même internationale si vous voulez) ! Vous avez des plans ?

Que pensez-vous de ces artistes qui sont classés, nouvelles scènes françaises, style Bénabar et Vincent Delerm ?

Ca veut dire quoi « nouvelle scène française » ? En fait, qu’on classe des artistes dans des cases, ça nous emmerde. Quant à Bénabar ou à Vincent Delerm, on aime ou on n’aime pas, peu importe les goûts et les couleurs … on respecte leur travail.

Y’en a t’il d’autres, en dehors d’un bruit qui court, qui vous interpellent ?

Pleins en fait, plein de groupes qu’on croise et qui méritent vraiment, à nos yeux, d’être reconnus : Sortie de route, Délinquante, JLK, In Délirium, Cathon Cataix, KKC Orchestra, Bankal Crew, … et tant d’autres.

Avez vous pris des contacts avec les radios ? Si oui, quels en sont les retours ?

On a été contacté par quelques radios qui nous ont trouvés via internet et qui vont nous diffuser. On n’a pas cherché plus pour l’instant !

– Et avec les maisons de disques ?

Non, pas à ce jour. On a pu s’autoproduire et on connaît pas les boutiques. A voir dans l’avenir mais on n’ira pas se risquer à perdre notre indépendance en s’engageant avec n’importe qui.

Un jour sans : Album 12 titres : Un jour sans / Mademoiselle / Les vieux amants / Pressez ! / La valse des pendus / L’indien / Les pissenlits (par la racine) / Autobus / Les serpents / Narcisse / Discothèque / Désolé.

Guigui

Ex directeur d'antenne adjoint sur NOIZY RADIO et animateur de l'émission CONTRE CULTURE.

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