Herman Düne au festival Pantiero : « J’aime les vieux trucs »

Herman Düne au festival Pantiero : « J’aime les vieux trucs »

Pour sa septième année, le Festival Pantiero à Cannes vient de confirmer son succès populaire avec, sur quatre jours, 11 000 entrées et 1 400 pass vendus. Rock, hip-hop et électro, Sincever vous en donne un petit aperçu en trois interviews. Pour commencer, la musique ensoleillée des franco-suédois Herman Düne.

Herman Düne est arrivé à Cannes tout auréolé du succès de I wish that I could see you soon. Le titre est le premier extrait de leur dernier disque Giant où l’on retrouve les membres de base du groupe : les deux frères André et David-Ivar (alias Ya ya) accompagnés du batteur Neman. A Cannes, nous avons rencontré Neman et Ya ya (vêtu de son éternel mini-short en jean), le frère André ne jouant plus avec le groupe. Ils nous ont expliqué comment Herman Düne créait ses chansons.

Bonjour Herman Düne. Pour commencer, comment situeriez-vous votre nouvel album par rapport aux précédents?
Ya Ya :
 C’est la deuxième fois avec l’album d’avant, Not on Top, où on est vraiment heureux avec le résultat en tant que disque. Au point de vue son, Giant est celui qui ressemble le plus à ce qu’on voulait faire et personnellement, je trouve que ce sont mes meilleures chansons depuis qu’on sort des albums.
Neman :   En termes de production, les deux derniers disques sont peut-être les plus aboutis. Pour Giant, on a eu plus de temps pour réfléchir et plus de moyens, c’est la grosse différence avec les autres albums. Cette fois, on a vraiment essayé de construire les arrangements au service de la chanson et des paroles plutôt que de laisser chacun jouer à sa manière. A part ça, on n’a pas changé la manière de faire : on a la chance de connaître plein de très bons musiciens et dès qu’on a une idée du genre d’album qu’on a envie de faire, on choisit parmi cette famille. Sur Giant on doit être une dizaine en tout. On a enregistré avec des amis comme les Baby Skins de New York en choristes et les Bourbon Horns, une section de cuivres de New York aussi.

Vous avez enregistré ce disque live en studio je crois ?
Ya Ya :
  Oui, c’est ce qu’on fait sur tous nos albums. C’est d’abord une question de goût musical : quand on écoute un disque, on aime sentir le groupe qui joue live. C’est aussi la façon dont on aime les enregistrements : pour ce qui est du sentiment, du bonheur des musiciens, c’est plus difficile quand on n’est pas ensemble. Je m’imagine mal jouer avec Neman qui fait la batterie et j’arrive le lendemain pour faire la guitare. Mais l’enregistrement live c’est plus difficile techniquement et depuis vingt ans on va vers de moins en moins de live en studio.
Neman :   C’est pour ça qu’on a vraiment cherché un endroit avec une cabine de son où le chanteur pouvait être isolé et qu’on puisse bien l’enregistrer. C’est la première fois où on avait vraiment les bonnes conditions pour le faire car on n’a pas toujours pu enregistrer la voix en live.

Parlons de l’écriture des chansons. Les paroles pour commencer.
Ya ya :
  Dans le disque, c’est moi qui ai écrit toutes les chansons. Ca part souvent d’une inspiration liée à la vie personnelle et après c’est la fois un travail, un plaisir et un jeu d’arranger les mots. J’attache beaucoup d’importance à la façon dont les chansons sont écrites. J’ai envie d’avoir un truc bien fini que je puisse rechanter dans deux ans sans me dire c’était nul. J’aime être content de chaque mot, chaque rime et j’ai toujours choisi les mots très précisément. J’aimerais aussi que ce ne soit pas seulement quelque chose pour la radio ou pour faire danser mais que ça donne envie aux gens qui l’écoutent de faire de la musique, d’écrire.

Et musicalement ?
Ya ya :
  J’aime l’idée que pour écrire une chanson on puisse prendre trois accords même si 10 000 personnes l’ont fait avant. Pour tous les musiciens qui font du rock encore, on peut se dire qu’il n’y a pas besoin de trouver un nouveau type d’accord, tout le monde se sert des mêmes accords et ça n’empêche pas d’avoir des choses à exprimer. Par exemple, dans Suburbs with you, qui est sur notre page Myspace, on utilise le riff de Louie Louie qu’on retrouve dans des tas de chansons comme la chanson de Grease, Hang on Snoopy ou encore La Bamba. Louie Louie est une chanson phare qui a été jouée par pratiquement tous les musiciens de rock’n roll. C’est une chanson de Richard Berry, un noir soul américain, qui la jouait en accords mineurs. Elle a été reprise par un groupe de blancs de Seattle, les Wailers en accords majeurs et c’est devenu un tube par eux. En fait, y’a pas besoin de chercher toujours de nouvelles choses pour être heureux, on peut être heureux avec les choses qu’on connaît. Même si actuellement j’adore The Strokes ou les White Stripes, c’est vrai qu’on me dit d’habitude que j’aime les vieux trucs.

Herman DüneVous êtres franco-suédois, vous avez vécu dans différents pays et vous tournez beaucoup. Comment les voyages influencent-ils votre musique ?
Neman :
  On a vécu aux Etats-Unis tous les deux, en même temps ou séparément. La plupart des musiciens avec qui on joue sont de là-bas et quand ils ne viennent pas ici c’est nous qui allons là-bas. Pour nous c’est important de voyager, de vivre dans des endroits différents. Quand on fait un nouveau disque on va toujours dans un nouveau lieu, souvent à l’étranger et on rencontre toujours de nouvelles personnes. Pour nous ça fait vraiment partie des choses qui comptent pour faire de la musique.
Ya ya :   En écrivant, les lieux t’inspirent par les sonorités des gens qui parlent, de la musique que t’entends à la radio, des noms des rues, des noms des objets. Voyager peut être un grand moteur d’écriture quand c’est par vagues parce que quand tu peux te poser tu as plein d’images qui te viennent. Quand on bouge tout le temps, c’est pas facile d’écrire et on finit par écrire sur le moyen de transport au lieu d’écrire sur les endroits où on est allé. En ce moment, on fait beaucoup de concerts et ça ne nous laisse pas beaucoup de temps pour penser au prochain album.

Pour le concert de ce soir, combien serez-vous et que prévoyez-vous de jouer ?
Ya ya :
  On est quatre sur scène. On a un bassiste et un percussionniste-trompettiste. Mais on ne fait jamais de set-list. En ce moment, on joue plein de nouveaux morceaux
Neman :   On va effectivement jouer des nouveaux morceaux, des morceaux de Giant et quelques anciens aussi. Et de temps en temps on fait des reprises, des années 70 par exemple.

Ce soir-là, c’est Elvis que Herman Düne a finalement choisi de reprendre. C’était en effet le jour des 30 ans de la mort du King.

Herman Düne, le site officiel
Herman Düne sur Myspace

Eric_M

En amateur de musique, Eric Maïolino est auteur-compositeur-interprète, joue de la guitare, pratique le théâtre et assiste à des concerts! (toutes ses chroniques ici)

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